De notre correspondant à Constantine A. Lemili Quel est le sort d'une star de la chanson s'il lui arrivait de décéder soudainement ? Par sort, il s'agit sur terre et a posteriori. Le souvenir de l'annonce de la disparition de la pop-star Michael Jackson ne s'est toujours pas dissipé. Pratiquement tous les programmes, aussi sérieux, soient-ils ont été arrêtés et bouleversés dans toutes les grandes chaînes… aussi austères et/ou aussi déjantées soient-elles. Ensuite, cela a été pratiquement boutique du commerce du deuil de la famille, laquelle, en fait, faisait, elle aussi, de la récupération sur le cadavre de celui qui, précocement, avait été l'enfant prodige. Ensuite, tout le monde s'est affiché… sur son 31 le jour du dernier hommage rendu à l'artiste, phénomène de ces 40 dernières années. Les standards ont pété, les ventes de ces albums ont explosés, la toile littéralement embouteillée, etc. Ali Nasri, l'identité authentique d'une bête de scène n'était déjà pas connue. Dans leur majorité, les Algériens ont appris que Katchou était décédé suite à un accident de la circulation. Sans plus. L'émotion a, sans nul doute, était générale à travers tout le territoire national et à mesure que l'information parvenait, en onde de choc, à hauteur des régions les plus enclavées. Mais, entre-temps, exception faite de la charge émotionnelle évoquée plus haut, qu'en sera-t-il après ? En tant que star adulée ou non de la chanson, Katchou a-t-il connu encore plus de gloire à titre posthume comme c'est le cas pour tout homme public des arts en général et de la musique en particulier ? Certains de ses fans ne se sont-ils pas défenestrés quand ils ont appris la mort d'Abdelhalim Hafed, de Mike Brant et d'Elvis Presley. Il est vrai qu'il est difficilement imaginable qu'un Algérien en arrive à se suicider en raison de la disparition de son idole, mais que son souvenir demeure un peu plus vivace du moins chez les mélomanes, ses compagnons d'art et de scène, ses fans, devrait à notre sens être la réaction la plus normale et attendue parce que, tout simplement, rationnelle et explicable.Or, passée la stupeur, Katchou est parti comme il était venu, c'est-à-dire comme un certain Ali Nasri originaire des austères Aurès et que nul n'était obligé de connaître si le destin n'en avait autrement décidé. La télévision et la radio ont effectivement occupé les ondes mais en faisant plus dans le désordre que dans l'hommage réel, sincère et surtout sans une condescendance, une compassion trop affichée jusqu'à faire douter de la… sincérité des derniers adieux au chanteur.Nous avons tenté, vaille que vaille, à Constantine de faire une petite enquête auprès des revendeurs de cassettes et CD sur l'impact qu'aurait pu avoir la disparition de Katchou sur les ventes comme cela aurait dû se passer n'importe où… mais ailleurs. A l'unanimité, tous nos interlocuteurs nous ont dit, presqu'à regret, qu'ils n'ont écoulé aucune cassette ou CD de plus ou de moins qu'habituellement. «A dire vrai, je ne me souviens pas à quand remonte le dernier CD ou cassette de Katchou que j'ai vendu». Alors troubadour, amuseur de foules, ménestrel, l'artiste… le chanteur et pas uniquement le défunt Katchou est-il utile à la société, est-il un repère, un modèle ? Nullement évident et cela, ils (les artistes) sont les premiers à le savoir. Un jour porté au pinacle et un autre, non pas vilipendé, nos compatriotes n'ont pas cette culture de la haine gratuite, mais tout bonnement victime de la plus grande indifférence. Aussi bien des fans que de la corporation à laquelle il appartient. Khaled a eu sa traversée du désert, Mami est en prison, Katchou est mort. S'il n'y en pas qui exultent en pareil cas, il ne s'en trouve pas non plus qui se manifestent énormément dans ces moments difficiles, soit auprès des stars elles-mêmes ou des parents et proches de ceux et celles disparus. Implacable est le monde factice des paillettes.