Quelque 813 164 électeurs gabonais sont appelés aujourd'hui aux urnes pour la première élection de l'après-Omar Bongo, le doyen des présidents africains, qui a régné seul sur le pays pendant 41 ans. Le scrutin auquel prendra part son fils Ali Bongo, 50 ans et ministre de la Défense nationale jusqu'au début de la campagne électorale, intervient deux mois après sa mort en Espagne à l'âge de 81 ans. Sa disparition a donné lieu à une rude concurrence pour son remplacement à la tête de l'Etat gabonais. Son fils, investi par le Parti démocratique gabonais, au pouvoir, fera en fait face à quatre redoutables concurrents, donnés comme favoris, sur un total de onze candidats. Il s'agit de l'ancien Premier ministre Casimir Oye Mba. Il se présente en indépendant et a pour slogan «Ensemble pour un Gabon nouveau». Les autres principaux candidats «indépendants» sont l'ex-candidat à la présidentielle de 2005 Zacharie Myboto, de l'Union gabonaise pour la démocratie et le développement (UGDD, opposition), ainsi que Andre Mba Obame, ex-ministre de l'Intérieur qui s'est affirmé le «candidat de la rupture responsable». Au total, 23 candidats étaient en lice pour la présidentielle. Mais cinq candidats se sont retirés de la course vendredi dernier en faveur d'André Mba Obame. Les bulletins de ces candidats seront ainsi retirés des bureaux de vote, a affirmé la commission électorale. A noter que le scrutin se déroulera en un seul tour. Le climat de tension qui a marqué la campagne électorale pendant ces deux dernières semaines a suscité d'énormes et sérieuses inquiétudes sur d'éventuels dérapages pour le jour du vote. L'Alliance pour le changement et la restauration (ACR), regroupant trois partis de l'opposition et deux de la majorité, avait en fait rejeté la liste officielle du nombre d'inscrits pour le scrutin. L'ACR avait jugé que ladite liste était «truquée» pour favoriser le candidat du pouvoir, Ali Bongo, le fils du défunt président Omar Bongo. La présidente par intérim, Rose Francine Rogombé, avait assuré qu'aucun candidat ne sera avantagé. Elle a par ailleurs averti contre toute tentative de déstabilisation du pays, soumis depui quelques années à de fortes tensions sociales et économiques. Les frontières terrestres et maritimes du pays ont déjà été fermées jusqu'au 3 septembre afin de permettre un meilleur déroulement des opérations du vote. Seul contre tous, Ali Bongo saura-t-il garder le pouvoir entre les mains de la dynastie Bongo qui a régné sur le pays pendant ces quatre dernières décennies ? La formation d'un front qui s'est fait appelé «tout sauf Ali» ne lui facilitera pas la tâche. Car, une grande partie des 1,5 million d'habitants que compte le Gabon rêve depuis longtemps d'un changement radical du paysage politique et d'une meilleure ouverture démocratique dans le pays. L. M.