Il y a de ces matches qui sont décisifs pour certains clubs au bas du tableau qui se battent pour le maintien. Le verdict du terrain, loyalement, doit être le seul à faire la différence entre les clubs. En Algérie, alheureusement, ce n'est pas le cas. La rencontre de la 29ème journée du Championnat national de football de première division qui a opposé l'USMA et le CABBA devait être d'une intensité sans pareille. Loin de l'être, elle a été la fausse note de la saison 2008. L'USMA a perdu 2 à 0 face au CABBA au stade de Bologhine après la décision de son entraîneur de faire jouer les plus jeunes joueurs. «C'est la direction qui me l'a demandé», s'est-il défendu après la défaite qui, inévitablement, permettait au CABBA de glaner trois points et de sortir de la zone de risque. D'autres matches restent à gagner certes mais le CABBA a pris de l'avance, laissant bien derrière… la devise «que le meilleur gagne». Dans le milieu sportif, les incriminations vont bon train et un doigt accusateur est pointé vers la direction de l'USMA qui, dit-on, aurait «conclu un marché avec le CABBA». Il s'agit, bien sûr, des tractations et des jeux de coulisses qui font que des clubs puissent accéder et d'autres éviter la relégation. Des clubs menacés de relégation crient au «complot», d'autres affirment que ce «n'est pas réglementaire». Certains parlent de pratiques contraires à l'éthique. La place d'Alger bouillonne mais aucun responsable n'assume cet état de fait. Au moins pour poser des questions, interroger les mis en cause, donner des éclaircissements. La Fédération algérienne de football (FAF), la première responsable du championnat, n'a pas jugé utile de relever «l'incohérence» de la décision prise par la direction de l'USMA. Habilitée, selon son règlement intérieur, à vérifier qu'aucun «marché» n'a été conclu entre deux clubs avant une rencontre, la FAF a le devoir de démasquer toute corruption dans le monde du football. Il s'agit là d'un délit puni par la loi. Le ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Hachemi Djiar, a tenté une échappatoire en déclarant encore une fois, à l'occasion du point de presse hebdomadaire du gouvernement, que «la corruption qui gangrène le football national est une réalité mais elle n'est pas propre à l'Algérie». Suffit-il de diagnostiquer le mal pour en guérir ? Selon lui, l'organisation aujourd'hui et demain d'un brainstorming sur le football algérien va permettre de présenter «des solutions concrètes». Il est vrai que la réhabilitation de la discipline passe par des projets structurants dont l'Etat doit être partie prenante, mais la réussite dépendra, à n'en pas douter, de celle des esprits. Car la corruption est, de l'avis des acteurs de la discipline, le mal qui ronge insidieusement le football algérien. L'esprit de la compétition est perverti par les puissances de l'argent. Ces comportements sont légion. Il suffit de rappeler les dernières accusations du président de l'OMR qui a soutenu avoir «des preuves» que le président du MCO a tenté de corrompre quelques-uns de ses joueurs lors de la rencontre de la 25ème journée du championnat de DI. Le football algérien a également été entaché dernièrement par la tentative de corruption dont ont été victimes trois joueurs du MOB, lesquels ont dénoncé la proposition qui leur a été faite par un dirigeant du MSPB (D II). La justice a été saisie dans cette affaire grâce à la dénonciation des trois joueurs mais généralement, alors que la loi le prévoit, le ministère public ne s'autosaisit pas. Il n'y a même pas d'enquêtes ouvertes par les services de lutte contre la corruption (dont le lien avec le blanchiment d'argent n'est plus à démontrer) afin de mettre fin à ces comportements qui n'honorent ni le football algérien ni le sport en général. H. Y.