C'est dans une ambiance folle que la victoire des Fennecs a été saluée dans toutes les communes et bourgades de la Mitidja. Dès le coup de sifflet de l'arbitre, des centaines de milliers de personnes sont sorties dans les rues pour exprimer une allégresse à la hauteur de l'indicible angoisse qui avait étreint durant les 90 minutes du match les millions de fervents supporters. Une véritable explosion de joie a fait vibrer cette plaine verdoyante qui s'est réveillée soudainement de la torpeur dans laquelle elle était plongée depuis le début du Ramadhan. Jusqu'au s'hour, des interminables cortèges de voitures, klaxons à fond, se sont constitués, juste après le coup de sifflet final de la rencontre, pour converger vers les centres de Boufarik, Chebli, Birtouta, Tessala Merdja et toutes les autres villes et villages. Dans chaque rue, dans chaque recoin, des centaines de drapeaux étaient déployés aux balcons. Toutes les places publiques étaient noires de monde. Il était d'ailleurs pratiquement impossible de s'y mouvoir tant elles étaient prises d'assaut par des jeunes dansant, hurlant leur joie et scandant le fameux «one, two, three, viva l'Algérie». Quant aux défilés des voitures, ils n'ont pas cessé jusqu'aux premières lueurs de l'aube. Sur les capots, les toits ou malles des voitures, des jeunes et des familles tenaient, chacun à sa manière, à manifester la délivrance après un match qui a tenu en haleine tout un pays. Entonnant des chansons à la gloire de l'équipe nationale, marquées par des «Maak yel Khadra», ces inconditionnels ont usé de toutes leurs voix pour célébrer une victoire tant attendue, pour reprendre les propos d'un badaud. Une victoire qui rapproche davantage l'Algérie du Mondial sud-africain. A Boufarik, une heure du matin dépassée et l'atmosphère demeurait toujours colorée et égayée par des youyous incessants fusant des balcons où étaient accrochés ostensiblement le drapeau algérien. Les percussions de la derbouka et la mélodie du saxo ont plongé la foule dans l'extase, au grand bonheur des nombreuses familles sorties pour assister et participer à ce spectacle plutôt inhabituel. «Ce sont des moments que nous attendions depuis 1986», s'écrie un inconditionnel des Verts, la quarantaine révolue. «Sincèrement j'appréhendais ce match. Après la victoire de l'Egypte [samedi contre le Rwanda, 1-0], nous étions sous pression. Dieu merci, à présent plus aucune équipe ne pourra nous arrêter. A nous le Mondial», lance un autre jeune, drapé dans l'emblème national et fumigène à la main. C'est donc lors d'une veillée ramadhanesque unique dans son genre que la Mitidja a fêté la victoire de l'équipe nationale. Une fête qui a duré jusqu'au bout de la nuit. Et si l'Algérie n'est pas encore qualifiée pour la phase finale de la Coupe du monde, elle a fait, dimanche soir à Blida, un grand pas pour être de la fête, en juin prochain, au pays de Nelson Mandela. De quoi rendre fière toute cette population authentiquement patriote de la merveilleuse Mitidja. A. S.