Le noble art a, depuis quelques décennies, mis un genou à terre. L'un des fleurons du sport national, la boxe, à l'image du cyclisme à une certaine époque ou de la course de fond à une autre, est en perte de vitesse. Les résultats enregistrés la semaine dernière par les pugilistes algériens au Championnat du monde -qui s'est terminé hier à Milan- confirment le malaise dont souffre la discipline. Dès le départ, le ton de la confusion avait sonné. Cela avait commencé avec le nombre de participants à l'événement. Au départ, cinq boxeurs étaient partants. Le champion d'Afrique Nacerreddine Filali (-64 kg) n'a pu participer, invoquant des raisons de santé. Cela peut arriver. Mais cette mauvaise habitude de la défection à la dernière minute a tendance à devenir une manie. L'absence des sportifs algériens aux Mondiaux de Chicago reste forcément en travers de la gorge. On se rappelle que, quelques heures avant l'événement, un différend entre la Fédération algérienne, le ministère de la Jeunesse et des Sports et l'entraîneur de l'équipe nationale a eu pour résultat l'annulation pure et simple de la participation des pugilistes algériens à un Championnat du monde de boxe. C'est dire le sérieux avec lequel est gérée la discipline. Un événement mondial d'une telle importance doit être pris au sérieux. Une préparation minutieuse, sérieuse et de longue haleine est indispensable. Le rêve et l'idéal de tout sportif sont de participer un jour à un championnat du monde dans sa discipline. Ne pas y aller, non pas à cause de ses compétences, mais simplement pour des raisons de mésentente entre les membres du staff technique ou des responsables d'un autre niveau, provoque obligatoirement chez ces sportifs un sentiment de frustration et de désir inassouvi. Pour l'édition 2009, les résultats obtenus par les sportifs algériens n'ont pas tellement évolué en comparaison de la dernière participation. En quatre ans, les résultats de ce sport ont pratiquement stagné. Pourtant, les potentialités sont là. A Milan, le parcours des Algériens s'est arrêté en huitièmes de finale. pour les deux leaders du groupe. Sensiblement, en nombre et en phase d'élimination, la boxe nationale n'a pas évolué d'un iota entre ces Championnats du monde et ceux de 2005. Pourtant, pour cette édition, les sportifs algériens retenus n'étaient pas mauvais. Bien au contraire. Ont participé aux épreuves trois champions d'Afrique en titre, Abdelhalim Ouradi (-54 kg), Abdelhafid Benchebla (-81 kg), ainsi que le champion méditerranéen Rachid Hamani (-75 kg), le médaillé de bronze aux JM 2009 de Pescara, Mohamed Amine Ouaddahi (-57 kg), alors que l'autre champion d'Afrique, Nacereddine Filali (-64 kg), ne s'est pas déplacé pour des raisons de santé. Comment se fait-il, alors, que les résultats soient restés aussi peu reluisants ? En l'absence d'explications tangibles, il est difficile d'établir un diagnostic sur le mal qui ronge cette discipline en Algérie. Rappelons encore une fois que l'Algérie a participé à deux compétitions officielles en 2009. Le Championnat d'Afrique de l'île Maurice (juillet dernier) où l'équipe algérienne a décroché trois médailles d'or par Ouradi, Filali et Benchebla, une médaille d'argent par Bouloudinet et trois de bronze par Samir Brahimi (-51 kg), Abdelkader Chadi (-60 kg) et Rachid Tariket (-69 kg). Et aux Jeux méditerranéens de Pescara (26 juin-5 juillet), Hamani avait décroché l'or alors que ses coéquipiers, Ouradi et Benchabla, s'étaient contentés de la médaille d'argent. Samir Brahimi (-51 kg) et Mohamed Amine Ouaddahi (-57 kg) avaient décroché le bronze. Donc, les potentialités sont là. La force de frappe existe. Mais ce qui est à signaler est le fait que les responsables de la fédération manquent d'ambition. Avant le départ aux Mondiaux de Milan déjà, certains s'étaient fixé comme objectif, justement, d'atteindre les 1/8es de finale. Réalisme ou manque de volonté ? Idéal trop réduit au vu des possibilités offertes. Est-ce la peur d'être ridicules qui a poussé les dirigeants à ne pas viser grand ? Participer à des championnats sans viser une médaille vaut-il le déplacement ? Le constat est là : Abdelhafid Benchebla (-81 kg) et son compatriote Abdelhalim Ouradi (-54 kg) ont dû quitter la compétition aux 1/8es de finale. Les objectifs tracés ont donc été atteints. Pour des résultats plus probants, il faut remonter à 2003 pour voir un pugiliste algérien atteindre les quarts de finale. L'exploit était signé Abdelghani Kenzi. Il faut aller plus loin encore dans le temps, soit en 1995 à Berlin, pour trouver la trace d'une médaille d'argent remportée dans un Championnat du monde. Et c'est à Noureddine Medjihoud (- 57 kg) que l'Algérie le doit. En 1991, Hussein Soltani (-57 kg) avait obtenu la médaille de bronze à Sydney. Donc, la boxe algérienne est une école qui avait son importance dans la cartographie planétaire de la discipline. Classé deuxième aux niveaux africain et arabe, le «noble art» faisait les beaux jours du sport national. Malheureusement, le manque d'ambition de certains dirigeants et les difficultés dans lesquelles se «bat» la discipline font que les résultats ne suivent pas. A l'image de beaucoup d'autres disciplines sportives en Algérie. En l'absence de réactions, on peut frapper le gong et déclarer la boxe algérienne K.-O. technique. S. A.