De notre envoyé spécial au Venezuela Kamel Amghar Après deux jours de travaux et d'intenses consultations multilatérales, le sommet Afrique-Amérique du Sud (ASA) s'est achevé hier, tard dans la nuit, à Porlamar dans l'île vénézuélienne de Margarita. Une soixantaine de pays ont été, pour rappel, représentés à ce forum dédié à la dynamisation de la coopération économique et à l'approfondissement des solidarités historiques et culturelles entre les deux continents. Une déclaration finale, appelée Déclaration de Nueva Esparta, résume les points de convergence et les objectifs communs des pays membres de ce sommet. Premier constat : le document en question a repris intégralement les quatre propositions faites par la délégation algérienne, conduite par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. A commencer par l'appui franchement accordé à l'idée d'une réforme approfondie du Conseil de sécurité des Nations unies afin, lit-on dans la déclaration en question, «de garantir une plus grande participation des pays en développement des régions sud-américaine et africaine […] et d'en faire un organe plus démocratique, plus transparent, plus représentatif, plus efficace, plus légitime, et à même de répondre aux nouvelles réalités politiques». Cela vaut aussi pour la refonte des systèmes économique et financier où la formulation algérienne du problème a été intégralement reprise. «Nous nous engageons à favoriser les changements qu'exige la mise en place d'une nouvelle architecture financière internationale», est-il écrit dans la déclaration en question. Le sommet avait aussi sévèrement condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, en adhérant au principe d'une lutte sans merci contre ses réseaux dans le cadre des organisations régionales pertinentes et des Nations unies. «Nous sommes aussi convaincus que le paiement d'une rançon après un acte de terrorisme est délictueux et condamnable», notent les leaders du forum latino-africain. L'ASA œuvre, en outre, à l'élaboration de politiques à même d'assurer la sécurité et la souveraineté alimentaires. «Nous soulignons notre détermination et notre volonté résolue de réaliser des études communes et d'échanger des expériences en matière de sécurité alimentaire pour la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement (OMD)», est-il écrit dans le chapitre consacré à cette question. Les Etats membres de l'ASA expriment, par la même occasion, leur attachement au système multilatéral, comme instrument valide, pour contribuer à régler les problèmes de la faim et de la pauvreté. Concernant le dérèglement climatique, les deux ensembles africain et latino-américain partagent la conviction selon laquelle les pays développés, y compris ceux qui n'ont pas adhéré au protocole de Kyoto, doivent faire preuve d'un engagement politique résolu, à la mesure de leurs responsabilités historiques, pour réduire sensiblement leurs émissions de gaz à effet de serre. Ils ont, par ailleurs, réitéré leur appui «au Fonds spécial pour les changements climatiques qui vise à permettre aux pays en développement de renforcer leurs capacités internes face aux déséquilibres et aux catastrophes de nature climatique». Toujours à ce sujet, les participants se sont engagés à défendre le plan d'action de Bali 2007 (Indonésie) lors de la 15ème conférence onusienne consacrée à ce thème, qui se tiendra le 2 décembre prochain à Copenhague, et se promettent de mettre en œuvre le plan décennal de la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (2008/2018). En matière d'échanges bilatéraux et multilatéraux, la soixantaine de pays qui adhèrent au sommet montrent également une disponibilité croissante à lancer des projets communs et à consolider la dynamique croissante des relations économiques entre l'Afrique et l'Amérique latine. La décision a également été prise par l'ensemble des acteurs pour resserrer les liens diplomatiques entre les deux ensembles régionaux, ainsi que l'intensification des échanges universitaires et culturels entre les deux parties. Un mécanisme de suivi de toutes ces recommandations a été mis en place. Il présentera son bilan dans trois ans au troisième sommet qui se tiendra en Libye.