Photo : Sahel Par Youcef Salami l'interconnexion électrique (400kV) entre l'Algérie et le Maroc a été mise sous tension. Le transport de grandes quantités d'énergie dans les deux sens a été ainsi rendu possible. C'est le fruit de grands efforts déployés par les équipes des sociétés du Groupe Sonelgaz et de l'ONE (Office national de l'électricité du Maroc), écrit la direction de Sonelgaz dans un communiqué diffusé le week-end dernier. Cette nouvelle interconnexion entre les deux pays conforte les liens traditionnels qui existent déjà de longue date en matière de coopération dans le domaine de l'énergie électrique. Elle permet également de faciliter les échanges électriques en renforçant davantage la sécurité du système électrique et en sécurisant l'approvisionnent en énergie des deux pays, y est-il souligné. D'évidence, les interconnexions électriques entre l'Algérie et le Maroc constituent un dispositif très puissant pour pallier les dysfonctionnements électriques et prévenir tous les risques ou menaces de déficits en énergie électrique. Elles permettent aussi de gérer avec plus d'efficacité les risques liés à l'exploitation des parcs de production et des réseaux de transport de l'électricité, assurant ainsi une meilleure sécurité au réseau maghrébin. Les interconnexions en 400 kV entre l'Algérie et le Maroc s'intègrent dans un projet régional plus étendu entre les pays du Maghreb. Le projet consacre en fait les règles de participation à la réserve de production et engage les sociétés d'électricité de la sous-région à se secourir mutuellement et à compenser les échanges involontaires. Les interconnexions constituent pour ainsi dire «un préalable essentiel» à l'émergence d'un marché régional de l'électricité, selon les termes du communiqué de Sonelgaz. Le passage au palier 400kV donne effectivement un nouveau rôle commercial aux interconnexions électriques entre les pays du Maghreb. La Sonelgaz estime que l'expérience des interconnexions entre la Libye, la Tunisie, l'Algérie et le Maroc, d'une part, et entre le Maroc et l'Espagne, d'autre part, constitue aujourd'hui un «appui précieux» pour les travaux relatifs à la construction d'un marché euro-maghrébin. A cela s'ajoute un autre élément déterminant, celui des relations humaines tissées depuis des années entre les dirigeants et les middle managers des sociétés maghrébines au sein du Comité maghrébin de l'électricité. Les interconnexions en question permettront la mise en œuvre effective des deux contrats signés entre le groupe Sonelgaz et l'ONE en marge de la 8ème session du Conseil maghrébin des ministres de l'Energie, tenue à Alger le 3 juillet 2008. L'un établit les termes et conditions techniques et commerciales qui régiront les relations entre les deux sociétés en matière de transit de l'énergie électrique dans les réseaux algérien et espagnol via le réseau marocain, l'autre arrête les conditions contractuelles d'échanges mutuels de l'énergie électrique entre Sonelgaz et l'ONE. Ces échanges peuvent être programmés ou décidés dans l'objectif de se secourir mutuellement en cas d'aléas dans l'un des deux réseaux et à la demande de l'une ou de l'autre des parties contractantes. La Sonelgaz juge que le palier 400 kV en Algérie demeure un projet «déterminant». Une étape «décisive» Trente ans après le passage au palier 220kV, le transport algérien d'électricité a réussi son passage au palier 400KV. C'est une étape «décisive» puisqu'elle permettra de renforcer d'une part le système électrique algérien et d'autre part, les liaisons électriques maghrébines dans le cadre du développement des interconnexions maghrébines et de la boucle méditerranéenne, note la direction de Sonelgaz. La première mise sous tension en 400kV a eu lieu le jeudi 9 juin 2005 à 13h04 au poste de Ramdane Djamel dans la wilaya de Skikda, suivie le 23 juin 2005 par la mise sous tension du poste 400 kV de type blindé de Hassi Ameur, près d'Oran. En 2008, les équipes des sociétés du groupe Sonelgaz ont réussi le défi de mettre en service toute la dorsale 400 kV Est–Ouest longue de près de 1 200 km. Trente ans après l'introduction en Algérie du palier 220 kV, la mise en service du 400 KV marque indubitablement le passage du réseau national du transport d'électricité à un palier supérieur de très haute tension permettant désormais d'acheminer de grandes quantités d'énergie. La direction du groupe Sonelgaz souligne également que, dans l'histoire du système électrique algérien, cet événement représente une étape «importante» dans le renforcement du réseau interne. Concrètement, l'introduction du 400 kV constitue l'amorce d'un nouveau schéma qui permettra non seulement de répondre en toute sécurité aux besoins énergétiques de l'Algérie mais également de rendre plus robuste l'ensemble de ses interconnexions avec les pays du Maghreb et du Bassin méditerranéen, confirmant ainsi le «rôle structurant» du secteur de l'énergie dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen. Techniquement dénommé «projet 400 kV», ce schéma a été conçu il y a quelques années dans le cadre des projections stratégiques de Sonelgaz. Il fait partie des grands scénarios que le groupe a établis pour valoriser le potentiel énergétique national et mettre en valeur les potentialités favorisant l'organisation des échanges électriques et gaziers dans la région. Le palier 400 kV continue son développement. En 2010, environ 2000 km de lignes seront réalisées. Après la mise en service des infrastructures en cours de réalisation ou qui le seront à court terme, ces lignes serviront à transférer de l'énergie d'est en ouest et vice versa et à réaliser, dans le cadre maghrébin, une dorsale Maroc-Algérie-Tunisie en perspective de l'expansion des réseaux vers la constitution d'une boucle électrique autour de la Méditerranée. La dorsale 400 kV ou autoroute électrique ne s'arrêtera pas au niveau maghrébin mais concerne aussi les interconnexions autour du Bassin méditerranéen. Les possibilités qu'offriront ces projets en matière d'échanges sont considérables et militent toutes pour la création d'un grand marché maghrébo-méditerranéen. Outre ses activités à l'international, le groupe Sonelgaz a développé, ces dernières années, une large palette de projets en matière de production d'électricité, dans le marché intérieur. Il a enregistré un taux de croissance moyen de 27,7% par an. L'entreprise a vu ses investissements passer de 27 milliards de dinars en 2000, par exemple, à plus de 191 milliards de dinars en 2008, soit un investissement moyen de 81 milliards de dinars. Le chiffre d'affaires de Sonelgaz est passé de 65 milliards de dinars en 2000 à 138 milliards de dinars en 2008, soit une croissance annuelle moyenne de dix pour cent. En moyenne, le chiffre d'affaires a évolué de 94 milliards de dinars pendant la période 2000-2008. La valeur ajoutée a également évolué dans des proportions positives, enregistrant, en pourcentage, une croissance annuelle moyenne de l'ordre de huit pour cent, sur la période considérée.