état d'urgence sanitaire décrété aux Etats-Unis, des écoles fermées dans certains pays après l'enregistrement de cas de grippe A(H1N1) dans des établissements scolaires, la propagation du virus de la grippe porcine ne semble pas près d'être contenue. Alors que la disponibilité des vaccins était prévue pour le mois de septembre et que les pays occidentaux croyaient pouvoir y faire face rapidement, ils paraissent plutôt impuissants alors que les laboratoires tardent à produire la pharmacopée tant attendue. Non seulement on constate une lenteur dans sa fabrication alors qu'au printemps dernier, après que les premiers cas se soient déclarés, il était annoncé avec triomphe «l'invention» qui allait en stopper la propagation, mais il s'avère que le produit miracle n'en est finalement pas un. Ce fut la course des différents laboratoires pour la fabrication du vaccin, au point où on a fini par parler de lobbying du précieux remède. Aujourd'hui, la pandémie s'installe, touchant pratiquement tous les pays. Aux Etats-Unis, les Etats qui n'ont pas été affectés par le virus se comptent sur les doigts d'une seule main, 46 ayant été atteints, alors que l'on déplore une pénurie de vaccins. Pris par le temps, certains laboratoires se sont rabattus sur des vaccins pré-pandémiques déjà validés pour éviter d'être soumis aux tests de sécurité pour une autorisation de mise sur le marché. D'où peut-être l'inquiétude qui, aussi étonnant que cela puisse paraître, a poussé des Occidentaux à refuser de se faire vacciner. C'est le cas dans une région de France où des habitants ont recouru à la justice et ont dénoncé ces campagnes comme «une véritable tentative d'empoisonnement» et «une arnaque», et c'est aussi le cas de personnels soignants aux Etats-Unis. L'euphorie des premiers temps cèdera-t-elle le pas à la désillusion maintenant que l'on reconnaît ici et là l'existence d'effets secondaires pouvant être graves ? A tort ou à raison, cela fait beaucoup de bruit. Le virus A(H1N1) s'adjoint les rivalités existant entre les laboratoires pour accaparer l'attention dans le monde et susciter toutes les inquiétudes. Chez nous, il a même réussi à faire passer au second plan le virus de la grippe saisonnière dans les préoccupations des autorités sanitaires qui en occultent la gravité. Celles-ci sont pourtant loin d'ignorer que la grippe hivernale est meurtrière et qu'en cas de propagation du virus de la grippe porcine, il y aurait risque de complication. La décision du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière d'interdire la vente en pharmacie du vaccin contre la grippe saisonnière est incompréhensible, importer le vaccin contre la grippe porcine est nécessaire mais cela ne doit en aucun cas se faire au détriment du premier. Des personnes présentant un terrain allergique ne pourront pas se le procurer et, de ce fait, seront les premières à être exposées aux risques de contracter l'un des virus, ou les deux. Sans compter que la campagne de vaccination qui doit cibler les personnes âgées de plus 70 ans et celles souffrant de maladies chroniques tarde à démarrer. R. M.