«Il faut privilégier le relationnel avec l'administration au détriment de la loi.» Cette diatribe vient de Aboudjerra Soltani. En pensant distribuer ses «conseils» aux élus de son parti, réunis depuis samedi dernier à Tipasa, le président du Mouvement de la société pour la paix a franchi le Rubicon. «Il faut éviter une approche conflictuelle avec l'administration», a donc poursuivi le leader islamiste qui pense trouver, ainsi, la meilleure formule de réussite à des élus qui, pour ne pas être totalement différents des autres, ont pu, selon lui, commettre des erreurs de gestion. C'est justement pour éviter ce genre de «maladresses», qualifiées par Soltani de «parfois stupides», que le MSP organise, depuis maintenant trois jours, un séminaire dans la ville balnéaire de Tipasa sous le thème «une commune exemplaire». Le sujet constitue, pour le chef du MSP, qui a ouvert les travaux samedi dans l'après-midi, une priorité qui ne «s'est pas réalisée depuis 1997». Pourquoi ? Boudjerra Soltani avance sept points importants. Il s'agit essentiellement du «manque de moyens financiers et matériels», manque de prérogatives, intervention insistante de l'administration et absence de foncier dans certaines communes. Le diagnostic étant fait, le président du mouvement islamiste, qui a recours à des tirades pour mieux expliquer ses arguments, a jugé bon de distiller ses conseils qui vont de «la primauté de l'intérêt national sur celui du parti» jusqu'à l'adoption d'une approche «plus conciliante avec la population pour mieux vendre l'image du parti». Quant au programme annoncé, il a été largement modifié. Les ministres annoncés, notamment celui délégué chargé des collectivités locales, Daho Ould Kablia, ne sont pas tous venus. Puisqu'il s'agit d'élus locaux, Boudjerra Soltani a indiqué aux journalistes présents que son parti est «sûr d'avoir au moins six sièges». Cela est le résultat du décompte effectué par les trois partis de l'alliance présidentielle, selon les rapports de force dont dispose chaque formation dans les différentes wilayas. Pour le reste, les trois chefs, Soltani, Belkhadem et Ouyahia, vont se voir «à partir du 26 novembre» pour prendre une position définitive dans les circonscriptions où les dés ne sont toujours pas jetés. Et ces wilayas ne sont pas nombreuses puisque, à l'exception de Tizi Ouzou où le RCD part favori, même si le parti de Sadi n'a pas encore affiché sa position, les trois partis de l'Alliance présidentielle dominent pratiquement tout. Quant au transfert de la présidence de la coalition politique -qui doit revenir de droit au MSP- les trois leaders temporisent toujours. «Probablement après les sénatoriales», affirme Soltani. A. B.