Après le retour émouvant des centaines de supporters malmenés au Caire dimanche soir, les jeunes algériens n'ont pas contenu leur colère dans la capitale. Toutes les présences égyptiennes connues dans l'algérois (Egyptair, sièges et agences de Djezzy) ont été prises d'assaut par des jeunes assoiffés de vengeances et animés par une force patriotique qu'on ne leur connaissait pas. Après une nuit de répit assez courte, la ferveur et la colère a, très tôt dans la matinée d'hier, regagné les rues algéroises avec autant d'enthousiasme, de ferveur que de rage. Des sentiments qui se sont alternés dans les esprits des supporteurs avec une étonnante facilité hier en journée. Ils défilent joyeusement par moment puis se laissent emporter par des envies de violence à d'autres. Mais la rage est à chaque fois présente, amplifiée par le silence des autorités. On parle de dizaines de morts algériens en Egypte par-ci, et seulement de quelques blessés par là. Difficile de savoir à quoi s''en tenir sachant qu'aucune source officielle ne confirme de morts alors que les vidéos affirmant le contraire ont pris d'assaut la toile algérienne. Une confusion totale règne dans les esprits des citoyens, ce qui exacerbe le besoin de réaction. La seule chose dont ils sont surs, c'est qu'ils veulent tous aller à Khartoum et surement pas pour voir le match! C'est au stade du 5 juillet qu'a eu lieu la vente des billets hier en journée. Et il a fallu s'armer de patience pour y accéder, car les encombrements aux quels on s'est déjà habitué dans l'algérois étaient un peu plus stressant que d'habitude hier. Sous une chaleur suffocante; les supporters, passeports en mains, n'ont pas manqué de profiter de cette occasion pour supplier les automobilistes de les aider à payer leurs billets de 20 000 dinars chacun. «Je suis chômeur, aidez moi SVP à acheter mon billet, je dois aller à Khartoum !». Certains font preuve de générosité en donnant un peu de l'argent, d'autres expliqueront gentiment qu'ils sont eux aussi en route pour acheter leurs billets d'avion. Sur place, le spectacle est impressionnant: des milliers de jeunes couverts de drapeaux. Certains sont calmement regroupés sur le gazon, d'autres encerclent la petite structure à l'entrée du stade où se fait la vente des billets. Les flics restent en retrait pendants que les supporters eux ont du mal à contenir leur impatience. «On est là depuis 6h du mat, on a déposé nos passeports à l'agence d'air Algérie mais comme il y avait trop de monde on les a laissé avec l'espoir de récupérer nos billets mais quand on y est retourné ce matin on nous a orienté vers le stade du 5 juillet et là on attend depuis des heures» raconte un jeune avec une voix presque aphone à force de cris. Certains optent pour la patience, d'autres préfèrent la violence! En l'absence de réponses claires, plusieurs jeunes sont entrés dans les locaux du stade, ont pris des micros ordinateurs empactés avant de les détruire violemment! D'autres encore ont pris d'assaut la structure où se faisait la vente des billets, et ont volé le reste des billets sous l'oeil impuissant des force de l'ordre restées toujours en retrait. Et dans cet atmosphère où se mèlent révolte violente et euphorie patriotique, force est de constater que la qualification au mondial n'est pas vraiment ce qui anime le plus l'emportement des supporteurs. Les slogans anti-pouvoir se sont frayé un chemin dans ce désordre ambiant. Tel qu'exprimé par l'un d'entre-deux, en route vers le Soudan, «l'Etat ne veut rien faire pour défendre notre intégrité alors on va aller réparer le mal à Khartoum!». F. B.