Invité au Théâtre national algérien Mehieddine Bechtarzi, le Ballet national algérien a présenté, vendredi dernier, un agréable spectacle de danses populaire puisées dans notre terroir. C'est avec de belles tenues traditionnelles de la région de Tlemcen que les huit danseuses ouvrent le show. D'un pas gracieux et élégant, elles se déplacent subtilement sur la scène du TNA avec une assurance surprenante. Elles seront suivies de huit autres danseurs habillés en cavaliers pour effectuer la danse de la fantasia. Ces derniers qui se déplacent en cercle simulent des chevauchées guerrières et des tirs de fusil. Souvent pratiquée lors des fêtes populaires, cette danse exclusivement masculine demande un certain effort et un véritable sens du rythme. Le public, impressionné, ne tarde pas à gratifier les danseurs d'une avalanche d'applaudissements. Trois musiciens d'une formation de zorna apparaissent sur scène pour accompagner à la percussion les danseurs d'alaoui. Ces derniers, tous vêtus de blanc, avec des rubans rouges, se sont distingués par l'originalité de leurs mouvements qui consistent à remuer les épaules et taper fort des pieds sur un tempo très rapide susceptible de les faire entrer en transe. Les huit danseurs tournent en rond, forment des cercles, des lignes directes, le tout avec une parfaite synchronisation des pas. Très à l'aise dans leur danse, les jeunes poussent également des cris très masculins qui caractérisent cette danse très répandue dans l'ouest du pays. Le public est charmé et les accompagne dans chaque pas par des applaudissements. Sans trop tarder, les danseuses kabyles pénètrent sur scène avec de belles robes traditionnelles en rouge et jaune. Des jarres sur la tête, elles effectuent d'impressionnants déhanchés sur une musique endiablée. Les huit danseuses forment un cercle où elles s'invitent une à une à un solo. Ponctuée de youyous qui s'échappent d'un peu partout de la salle, la séquence de danse kabyle a fort attiré la sympathie de l'assistance. Les femmes s'alignent et quittent la scène d'un geste élégant pour faire place aux hommes qui feront une démonstration de la danse du burnous propre à la région des Aurès. Vêtus de longs burnous couleur rouge vif, les neuf danseurs dotés d'une souplesse remarquable souligneront la noblesse de cet habit. Petite pause, les deux musiciens aux percussions commencent à laisser échapper des notes de leurs tambours. Une ambiance lourde s'installe, la lumière s'assombrit, marquant l'entrée des danseuses en tenue targuie. Une chorégraphie de qualité est offerte au public. Jouant sur les notes, les danseuses se déplacent sur un schéma bien étudié. Une à une, elles s'approchent du centre de la scène pour s'aligner sur trois rangées parallèles. Les mains levées vers le ciel, balançant la tête, les danseuses se laissent aller dans un état second. Le tempo monte crescendo tout en détachant les danseuses de la réalité. Le silence s'installe, toute l'assistance a les yeux rivés sur les danseuses qui ne tarderont pas à quitter la scène. Elles céderont la place à deux hommes en tenue traditionnelle d'hommes bleus qui simulent un affrontement aux épées. Une scène de crime est simulée, cet affrontement ne tardera pas à être suivi du reste des danseurs qui représentent des hommes de deux tribus en guerre. Sauts périlleux, gestes vifs et attaques brutales, les neufs danseurs ont exécuté une danse très forte et acrobatique. Après ce moment magique qui a mené le public au fin fond du Sud algérien, le spectacle se clôturera avec une représentation de danse algéroise caractérisée par les beaux karakous et les voiles. Sur fond de musique, dont le titre est Ferha ou zahwa fel djazaïr, les danseuses dévoileront toute l'élégance et la classe de cette danse accompagnées de huit hommes vêtus à l'algérois (sarouel et chéchia). Le public est conquis mais petite surprise du Ballet national : pour le bouquet final, tous les danseurs rejoignent la scène sur le rythme du tube Algérie, blada sakna fi qalbi qui a fait fureur ces derniers temps. Une autre façon de dire que la joie engendrée par la qualification de l'EN en Coupe du monde est encore vive. Des drapeaux sont brandis et le public se met aussi de la fête. Tout le monde danse dans une euphorie généralisée. W. S.