De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Place à l'autodidacte pour forger davantage sa passion eurythmique. «Les statistiques en notre possession démontrent que ce genre de passionnés indépendants recèlent beaucoup de qualités artistiques que l'on ne trouve pas souvent chez tous les initiés», a commenté le responsable du Dimajazz, le Festival de jazz de Constantine.C'est dans cette perspective que la tendance actuelle de la formation musicale bascule dans le milieu à Constantine. Une orientation justifiée par la capacité artistique chez cette frange qui a boudé les bancs des écoles communales pour fouiner à sa manière afin de se perfectionner. Cela ne veut pas dire que les cours dispensés en différentes spécialités sont d'une piètre qualité ou en décalage avec le tempo. La tradition des cours en aparté renferment son mystère, voire dévoile la «note cachée». Les géants du jazz n'ont pas initié fortuitement les masters-class qui peaufinent le parcours d'un artiste confirmé. Le même constat est perceptible chez les musiciens classiques qui sillonnaient les capitales pour répondre à une demande d'instrumentiste. Pourtant, des classes assez académiques assurant un cursus sont bien là.Ces cours raffinés et astucieux développent sans conteste la pratique artistique dans son large spectre, sur le plan de l'amélioration technique du jeu. L'expression, la nuance, en somme l'interprétation intelligible qui accroche l'oreille jusqu'à l'extinction de la dernière note. C'est dans cette aria que les mélomanes et artistes constantinois vivent depuis 2003, une aventure assez agréable en musique. La capitale du malouf s'est ouverte à la musique du monde ! Le mérite revient en premier lieu à l'association Lima qui a su frayer le chemin du professionnalisme en apportant les mélodies jazzy, voire des musiques métissées à travers les concerts qu'elle organisait annuellement dans la manifestation culturelle baptisée Dimajazz. Ce ne sont pas des proches de Coltrane qui s'arrachaient les billets d'accès pour les soirées mais des curieux parmi lesquels on aperçoit quelques talentueux venus se ressourcer en entendant ce que font les ténors. Cette curiosité est expliquée dans les masters-class en marge des spectacles organisés au profit de ces autodidactes qui venaient de différentes régions du pays.En fait, Dimajazz aura vu grand en se conformant sur ce qui se passe outre-mer en la matière. Mieux, depuis son existence, il a mis sur portée musicale plus d'une trentaine de musiciens qui jouent actuellement en différents groupes : Sinoudj, Madar, Aminos à titre d'exemple. De plus, l'association organise chaque année des stages de perfectionnement à l'échelle nationale, appelée précisément «résidences», selon le responsable de l'association et commissaire du festival, Zouhir Bouzid, qui met en relief l'importance de ces cours presque en «private». L'association organise, depuis lundi dernier, des masters-class assurés par le groupe Akamoon. «On a ciblé 20 musiciens de la capitale. Ils sont en stage sous la houlette de ce groupe belge de renommée mondiale par la richesse de sa production, l'objectif étant de coucher de nouvelles clés et méthodes aptes à universaliser la musique algérienne», dira notre interlocuteur indiquant que cette dynamique de la formation ne se limite pas seulement aux initiés, mais concerne tous les artistes dont le don est perceptible. Les critères du choix des artistes retenus pour ce genre de stage gratuit, puisque soutenu par le ministère de la Culture, reposent sur l'intéressement effectif à la musique. «Il faut dépasser le volet technique qui a trait à la bonne maîtrise instrumentale. Cela est primordial. Le plus important est de déceler des perles rares dont la potentielle oreille musicale est épatante», souligne M. Bouzid. Et de poursuivre : «Akamoon écoutera minutieusement tous les passages musicaux interprétés par les 20 musiciens. Dès lors, le groupe se propose de mettre sur portée les éventuels arrangements appropriés à cette musique pour la rendre universelle. En plus, la «résidence» de cette année apportera des réponses claires à la composition.» Dans la même tonalité, l'association constantinoise envoie annuellement deux élèves en Belgique pour suivre des cours. C'est une délégation culturelle dénommée «Bruxelles-Wallonie» qui garantit cette option soutenue également par la tutelle nationale. «Booster les musiciens autodidactes est du ressort de Lima», atteste le commissaire. Cependant, le vœu de cette alliance serait d'organiser au moins quatre résidences par année pour donner autant d'opportunités à tous les musiciens. Une action réalisable, désormais, avec une école de jazz. Sous un autre angle, cette dynamique pédagogique ouvre une perspective concurrentielle entre les groupes locaux lancés par cette association. Lors du festival Dimajazz, seule la bonne mesure étrennera les ouvertures. Par ailleurs, pour rester dans le domaine de la formation musicale du terroir, il faut reconnaître aux associations locales du malouf le travail assidu qu'elles entreprennent à longueur d'année en formant autant de musiciens.