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Les centres artistiques forment des «autodidactes»
Jugés peu académiques
Publié dans La Tribune le 16 - 04 - 2009

De notre correspondant à Constantine
Nasser Hannachi
La chance ne sourit pas souvent à tout amateur qui veut se lancer dans l'art. Du moins chez nous, la «baraka» des écoles communales, notamment le conservatoire, permet même en «quantité» restrictive de donner parfois l'opportunité aux bambins de suivre des cours élémentaires jusqu'à la perfection instrumentale dans son sens rétro, c'est-à-dire la lecture d'une quelconque partition. Une fois cette étape passée, les élèves «gourmands» et ambitieux en veulent un peu plus que la simple lecture. Ils veulent se lancer dans d'autres triomphes musicaux.
Harmonie, contrepoint, compostions…c'est à partir de là que l'école municipale range son diapason faute de spécialistes ! Point de relais à Constantine. La majorité des apprenants qui y enseignent caressent des expériences certaines : violon, piano, guitare, Cependant leur mission s'achève au moment où l'élève maîtrise à la perfection son instrument de choix. Dès lors, Il serait rare de voir un disciple, dont la passion pour l'art est incommensurable, continuer son bonhomme de chemin artistique sans être confronté à un freinage dans son parcours.
C'est souvent le manque de suivi des élèves brillants et doués qui les pousse à suspendre leur étude. Une situation qui engendre dans la plupart des cas des «self-made-man». Ces derniers vivent loin des conservatoires, des planches, et des écoles prestigieuses des beaux-arts. (si elles existent). Ils s'arrachent des supports pédagogiques pour consolider leur savoir acquis, mais savourent en solo leur labeur loin des intentions particulières des responsables du secteur, privant du coup des mélomanes et autres férus.
La capitale de l'Est «casse» par inadvertance moult initiatives émanant des initiés qui ne se bousculent pas au portillon de la frime par respect et par crainte d'entacher cette noble discipline. Le Vieux rocher renferme trois pôles artistiques au conservatoire Bentobal, au TRC et à l'Ecole des beaux-arts. Outre la présence de quelques associations éparpillées et luttant pour la survie dans un répertoire local entièrement consacré aux rendez-vous officiels ! Chaque volet artistique tente de s'y imposer. Hélas, la routine et l'absence d'originalité laissent ces lieux à muses brisés par une monotonie sanctionnée par le traditionnel concert ou pièce théâtrale de fin d'année ! Ce qui fait défaut à Constantine –et dans les autres wilayas- a pour nom des masters-class. Ces ateliers animés par des ès qualité et qui viennent étoffer le programme déjà connu des trois instituts.
Toutefois, certains artistes débutants, qui ont une poussée assez avancée dans leur domaine, estiment qu'on n'est pas encore sorti des sentiers battus : «Il manque beaucoup de choses dans l'enseignement de l'art. Certes, des débutants trouveront leur joie dans les rudiments, toutefois, ce n'est pas le cas pour les artistes qui ont dépassé cette étape d'apprentissage. C'est l'esprit de création qui s'ouvre pour ces derniers. Mais sans contribution conséquente des enseignants, le futur artiste voit sa passion s'effriter…» commente un ex-élève du conservatoire qui, après y avoir passé plus de 4 ans, cherche désespérément à consolider une association regroupant des instrumentistes amateurs et même autodidactes en vue de pérenniser leur passion. Il faut, par ailleurs, avouer que les cours dispensés en musique demeurent assez «classiques» dans la mesure où les notions ne sont pas élargies aux règles d'harmonie, à titre d'exemple, encore moins à l'initiation aux arrangements. En fait, c'est un déficit en professeur spécialisé qui donne au conservatoire cette touche restreinte. A ce titre, un enseignant instrumentiste estimera qu'«il est grand temps d'apporter des nuances supplémentaires à l'apprentissage de la musique, dont la texture est large. Il faut laisser libre cours à l'oreille des élèves, dépassant le premier cycle. L'oreille musicale devrait percevoir d'autres styles et d'autres tonalités pour forger la création tout en restant dans les normes musicales requises». Sur un autre plan, il, n'existe pas de concours, fût-il annuel pour encourager cette frange d'artistes que l'on appelle autodidactes. La compétitivité créerait entre eux un climat qui apporte une touche supplémentaire à la scène artistique locale, jusque-là dominée par l'organisation du Festival national du malouf animé par des associations. Cela étant une autre affaire. Les férus des arts ne demandent pas des dates, mais une attention particulière des décideurs, celle qui leur permet d'avoir la chance de s'exprimer dans leur fief. A commencer par leur consacrer des cours, des salles de répétitions.
Et, surtout, permettre à tout le monde sans «restriction» ni «exclusion» de fréquenter ces lieux de savoir artistique. Au final, l'art n'aura pas de couleur de prédilection sauf la compétence qui vient agrémenter le don.


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