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Urgences médicochirurgicales, un véritable casse-tête à Tlemcen
Prises d'assaut à longueur de journée, elles doivent revoir leur stratégie
Publié dans La Tribune le 23 - 12 - 2009


Photo : S. Zoheir
De notre correspondante à Tlemcen
Amira Bensabeur
Le nombre de consultations aux urgences médicochirurgicales (UMC) dans la wilaya de Tlemcen semble doubler. Quotidiennement, un nombre important de patients afflue vers ces structures, le plus souvent caractérisées par une totale désorganisation et un laisser-aller, que personne ne pourra contredire, et ce, face à cette incroyable affluence. A Tlemcen, les UMC ne désemplissent pas. Elles font face à une augmentation continue de leur activité dont la cause tient à la fois aux changements de comportement des usagers et à une évolution de l'organisation des soins en milieu urbain.
Les services des urgences hospitalières sont dans une contradiction majeure : obligées d'accueillir et de traiter toute personne qui s'y présente, ils demeurent, pour l'hospitalisation de leurs patients et la réalisation de certains examens complémentaires, dépendants de l'accord et/ou des contraintes organisationnelles des services partenaires. Le résultat de ces deux phénomènes est un engorgement des services et un allongement du temps d'attente des patients qui engendrent l'insatisfaction des usagers, l'altération des conditions de travail des professionnels et la dégradation de la qualité des soins.
Une visite dans un quelconque service des UMC dans la wilaya de Tlemcen suffit amplement à faire le constat des conditions déplorables dans lesquelles il évolue. Les UMC, (souvent appelées ainsi dans le jargon hospitalier) accueillent annuellement plus de 150 000 patients, dont une moyenne de 400 personnes par jour uniquement pour les UMC du centre hospitalo-universitaire de Tlemcen. Les urgences sont mal perçues.
Est-ce seulement un problème de perception ou y a-t-il vraiment des gens alités dans les couloirs et qui attendent pendant des heures ? Avec un personnel paramédical qui ne sait où donner de la tête, les UMC du CHU de Tlemcen, sont devenues avec le temps le seul service hospitalier vers lequel convergent les patients et ce, devant la négligence constatée au niveau de certaines salles de soins, polyclinique, etc. Selon des cadres de la santé publique, il s'agit d'un véritable problème, car la culture des urgences médicochirurgicales fait défaut. Pourtant, de faramineux budgets ont été alloués à ces structures visant la dotation en équipements et l'extension des locaux. Les patients, a-t-on constaté lors de notre enquête, dont les pathologies sont bénignes ou sans
caractère d'urgence prioritaire devront supporter une attente parfois longue, en fonction de l'affluence et du nombre de patients présentant des urgences absolues ou vitales dont il faut s'occuper immédiatement ou rapidement. Flux ininterrompus de patients, longues heures d'attente sur un brancard
inconfortable avec parfois un relent de «cour des miracles», épuisement, démotivation et besoin de reconnaissance des soignants, mécontentement des usagers, les UMC du CHU se retrouvent régulièrement au premier plan de l'actualité. «Ces situations doivent nous interpeller, car elles sont fréquentes et symptomatiques de graves dysfonctionnements et de difficultés d'adaptation de nos systèmes de santé», a-t-on lancé au niveau de ces urgences.
Les services d'urgences sont peu à peu devenus nécessaires, car perçus par la population comme une structure capable de prendre en charge de très nombreuses situations réellement urgentes ou seulement imprévues. Parallèlement, la spécificité de la médecine d'urgence s'est développée ; cette discipline s'étant même hissée au rang de spécialité médicale dans certains pays.
Au CHU de Tlemcen, les UMC ont vu leur volume d'activité croître de manière importante et les causes de leur engorgement chronique sont multiples, pas seulement médicales et sont principalement la conséquence d'un décalage entre la demande et l'attente des usagers, d'une part, et ce que peuvent
offrir les structures d'accueil, d'autre part. Notamment le manque criant de lits d'hospitalisation, surtout pour des séjours de moyenne et longue durée.
Aujourd'hui, l'activité des services d'urgence est répartie entre les urgences à caractère réel, qui relèvent de la mission première des UMC, et une part de plus en plus grande de consultations non urgentes au sens médical strict, mais nécessitant néanmoins l'accès à une structure de type «hôpital de jour», une consultation de médecine générale, au-delà de la sempiternelle demande d'effectifs supplémentaires. Une réforme en profondeur, englobant aussi bien l'amont que l'aval des urgences, est indispensable. En premier lieu, nous dit-on, il faut repenser la mission des urgences en tant que structure. Bien sûr, le rôle des urgences n'est pas de se limiter à la seule prise en charge des situations où le pronostic vital est en jeu. Ces structures ont également un rôle de plate-forme entre la médecine urbaine et les services hospitaliers et doivent jouer un rôle «tampon» afin de garantir une stabilité entre ces activités en «amont» et en «aval». Faute de cette vision globale à attribuer aux UMC leurs rôles, qui sont bien définis, elles auront bien du mal à faire face à leurs obligations. Le ministère doit ainsi se pencher sur ce problème, pour une bonne prise en charge des «admis» à ces centres d'accueil dits UMC.
Cependant, comme nous l'avons expliqué, il est important de souligner qu'afin de permettre aux services et autres unités d'accueil des urgences, mais également aux SAMU et à l'ensemble des établissements sanitaires de disposer d'informations en temps réel quant au nombre de places disponibles dans les services de soins immédiats, de courte ou de longue durée, il sera recherché la mise en place d'un système d'information accessible à tous les professionnels hospitaliers et, si possible, commun à tous les établissements de santé de la wilaya de Tlemcen. Cette base de données devrait permettre de désengorger des services d'urgence et des unités de médecine, souvent saturés par des personnes en attente de placement.
Le seul moyen d'y parvenir nécessite une bonne gestion de ces structures avec la mise en place d'une politique qui tendrait au bien être des patients, cela à l'heure de la réforme hospitalière.


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