La vaccination contre la grippe A(H1 N1) peine à prendre l'ampleur d'une campagne telle que décidée par le ministère de la Santé. Et ce n'est pas de bon augure, parce que, dans sa première phase, cette campagne cible le corps médical et paramédical qui sait ce qu'est un virus et connaît l'utilité du vaccin. Or, ces «initiés» affichent une réticence suspecte alors qu'il est attendu d'eux qu'ils se vaccinent afin de «donner le meilleur exemple et aussi de mettre le milieu extérieur en confiance sur l'utilité du vaccin», dira un responsable. Car les gens, même s'ils redoutent la grippe A(H1N1), doutent de l'efficacité du vaccin et, surtout, de son innocuité, qui sont sérieusement remises en cause. Il suffit de consulter quelques sites Web pour être submergé par des informations, des analyses et des expertises aussi contradictoires que convaincantes. Un virologue s'exprimant dans la très sérieuse revue scientifique spécialisée Nature écrit à propos du H1N1 : «D'où diable a-t-il bien pu récupérer tous ces gènes que nous ne connaissons pas ?» Une analyse du virus a, en effet, montré qu'il contenait les gènes du virus originel H1NI de 1918, du virus de la grippe aviaire, et deux nouveaux gènes du virus H3N2 d'Eurasie (ce patrimoine génétique scindé en quatre permet les réassortiments et donne au virus une propriété de mutation intempestive). De là à conclure que le H1N1 pourrait être un virus génétiquement conçu pour booster l'industrie pharmaceutique, il n'y a qu'un pas que beaucoup de scientifiques n'hésitent pas à franchir, alors que d'autres soutiennent qu'il n'en est rien et que, quand bien même, un vaccin a été trouvé par ces laboratoires qu'on diabolise. Mais le vaccin est désormais devenu tout aussi suspect que le virus et il ne pouvait dès lors que produire un effet secondaire qui n'était pas du tout prévu : la défiance. Et elle ira s'aiguisant quand des mutations du H1N1 sont observées et que des scientifiques, peu soucieux des démarches à observer pour établir des faits scientifiques, réagissent au quart de tour pour affirmer à l'avance que le vaccin sera efficace contre ces mutations. Si on peut avoir un vaccin à large spectre garantissant une immunité croisée, pourquoi alors modifie-t-on, chaque année, les souches du vaccin grippal ? Pourquoi observe-t-on un décompte quotidien du nombre de décès dus au H1N1 alors qu'on n'a jamais fait cela pour la grippe saisonnière qui, pourtant, tue plus ? A ce point de la situation qu'on qualifierait de trouble, on est en droit de douter de tout et de tous, d'autant que les ambiguïtés entourant le virus et le vaccin sont, pour une grande part, voulues, élaborées et entretenues par ceux-là mêmes qui veulent nous les «vendre». Résultat : on a plus peur du vaccin que du virus. Sinon comment expliquer le refus de médecins ainsi que de responsables d'institutions sanitaires et pharmaceutiques de se faire vacciner ? H. G.