Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière peine à convaincre les Algériens à se faire vacciner contre la grippe A/H1N1. Que ce soit dans le secteur de la santé ou autres, le boycott de la vaccination se confirme de jour en jour. À quelques jours du lancement de la campagne de vaccination contre le virus H1N1, débutée le 29 décembre dernier, les représentants du département de Barkat ont reconnu que le taux de personnes vaccinées est très faible. “Même si nous n'avons pas encore le nombre exact des personnes vaccinées, nous pouvons dire que l'opération de vaccination n'a pas connu un grand succès. Le taux n'est pas très élevé pour le moment”, a admis, hier, M. Slim Belkacem, chargé de communication du ministère de la Santé, lors d'un briefing avec la presse au siège du département. Il a expliqué que cette réticence est liée à tout ce qui a été dit et écrit sur le cas d'une femme, médecin exerçant à l'hôpital de Sétif, décédée 30 heures après s'être fait vacciner. “Le décès de notre consœur de Sétif a accentué la réticence au vaccin contre la grippe A. Sachant qu'au début de la campagne, nous avons enregistré 200 personnes vaccinées en 48 heures”, a-t-il précisé. Concernant la cause du décès du cas de Sétif, notre interlocuteur a déclaré que même si les résultats de l'autopsie n'ont pas encore été rendus publics, les données scientifiques écartent toute éventualité d'un choc anaphylactique. “Ce genre de chocs apparaît 2 à 3 heures après l'acte médical et non 30 heures, comme ce fut le cas de Sétif. Il est peu probable qu'il y ait un lien entre la vaccination et le décès du médecin”, a expliqué M. Belkacem. Il a signalé, également, que la méfiance des Algériens s'estompera avec l'annonce des résultats de l'autopsie qui, selon le ministère, va disculper le vaccin. Les représentants du ministère ont évoqué longuement les bienfaits de la vaccination contre le virus H1N1 pour stopper l'évolution de la pandémie de la grippe A qui risque de prendre de plus grandes proportions. Ils prévoient le pic pandémique pour la fin du mois de janvier et début février. “La stratégie de vaccination est le seul garant qui contrôle la pandémie”, a affirmé le professeur Derare, directeur du laboratoire de l'Institut Pasteur Algérie. Toutefois, le ministère de la Santé reproche l'échec de la campagne de vaccination au corps médical qui n'a pas encouragé cette opération. “Le corps médical est libre de se vacciner ou pas. Mais les médecins sont dans l'obligation de respecter et d'appliquer un programme sanitaire national. Ils doivent aussi faire appel à toutes les ressources thérapeutiques permettant la sécurité sanitaire des patients”, a affirmé le représentant du ministère de la Santé. Il a précisé, également, que les médecins qui déconseillent leurs patients de se faire vacciner ne sont pas souverains dans leur décision. Du coup, il rejette une importante recommandation élaborée par des groupes d'experts internationaux, notamment l'OMS. Au sujet de la polémique sur les doses de vaccin antigrippe A/H1N1 qui pourraient être offertes à l'OMS dans le cas d'un échec de la campagne de vaccination, le ministère a expliqué que l'achat des vaccins se fait de manière graduelle. Le ministère a précisé que c'est à l'Institut Pasteur Algérie que revient l'achat du vaccin et le paiement se fait par lot réceptionné. Afin de sauver la campagne de vaccination, le ministère de la Santé lancera incessamment un programme de formation et de sensibilisation sur l'importance du vaccin contre le virus pandémique A/H1N1. Des regroupements régionaux au niveau des structures de santé, appuyés par des vidéoconférences, sont prévus dans ce cadre pour assurer une mise à niveau des connaissances des personnels de la santé et garantir ainsi le bon déroulement de la campagne de vaccination.