Synthèse de Moumene Belghoul L'Iran se déclare favorable à un échange d'uranium avec les Occidentaux dans son programme nucléaire. Le président Ahmadinejad a affirmé que son pays n'avait «pas de problèmes» pour un échange avec les grandes puissances. Téhéran se dit toujours prêt à échanger avec les Occidentaux une partie de son uranium faiblement enrichi (3,5%) contre du combustible hautement enrichi (20%) dont il a besoin pour son réacteur de recherche de Téhéran. L'Iran a rejeté en novembre 2009 une proposition du groupe des Six (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne) sur l'envoi de la plus grande partie de son stock d'uranium en Russie et en France pour y être transformé en combustible. La mesure vise selon les Six à établir un «climat de confiance». Téhéran a en retour fixé un ultimatum aux grandes puissances pour qu'elles acceptent avant fin janvier de lui livrer du combustible, faute de quoi l'Iran produirait lui-même de l'uranium. Le président iranien a également évoqué la possibilité que Téhéran conserve son uranium faiblement enrichi jusqu'à l'envoi en Iran par les grandes puissances du combustible à 20%. Il n'a cependant pas indiqué la quantité d'uranium qui pourrait être impliquée dans cet échange. Ce dernier point demeure l'un des principaux points d'achoppement dans les discussions entre l'Iran et les grandes puissances. Les Occidentaux soupçonnent toujours l'Iran de vouloir produire de l'uranium suffisamment enrichi pour la fabrication de l'arme atomique. Une option que Téhéran a toujours démentie. L'Iran s'installe vraisemblablement dans une posture d'ouverture. La semaine dernière lors du forum de Davos, le ministre des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki a affirmé que l'Iran avait «levé des ambiguïtés sur la modalité» de l'échange du combustible et que le dossier nucléaire avait repris «son cours normal». Ces déclarations apaisantes des dirigeants iraniens sont intervenues alors que le groupe des Six a entamé à la mi-janvier des discussions sur de nouvelles sanctions visant l'Iran. Ce dernier a été condamné en novembre par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour «manque de coopération». La Chine, principal allié de Téhéran dans ce dossier, a plaidé pour la poursuite du dialogue. La soudaine tension entre Washington et Pékin à propos des armes de Taïwan pourrait avoir son influence sur le dossier du nucléaire iranien. En attendant, le ton reste à la fermeté. Les Occidentaux ont averti la semaine dernière qu'ils allaient «avancer sur la voie des sanctions», le dialogue n'aurait «pas produit les résultats que certains espéraient», a estimé la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. Les nouvelles déclarations du président iranien ont provoqué certaines réactions. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déclaré qu'un retour de l'Iran à l'accord sur l'uranium enrichi ne pourrait être «que salué». Londres a de son côté qualifié de signe «positif» l'offre de l'Iran, soulignant que le retour de Téhéran aux négociations à Six restait «crucial».