L'Iran a lancé hier la production d'uranium hautement enrichi. Les puissances occidentales ont brandi la menace de nouvelles sanctions. La tension est montée d'un cran dans cet interminable bras de fer Iran-Occident. «Nous avons commencé aujourd'hui à enrichir de l'uranium à 20% sur une cascade [de centrifugeuses] séparée de l'usine de Natanz [centre]», a déclaré le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique Ali Akbar Salehi à l'agence Isna. Le lancement du processus d'enrichissement de l'uranium à 20% a été annoncé dimanche par le président iranien. L'annonce a suscité la colère de certaines capitales occidentales. L'Iran s'est empressé de notifier sa décision à l'Agence international de l'énergie atomique (AIEA). L'usine en question est placée officiellement sous le contrôle de l'agence onusienne. C'est en raison du blocage des discussions avec le groupe des «Six» (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne) que la décision iranienne a été prise. Les puissances occidentales, soupçonnant Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire sous le couvert de son programme civil, ont exprimé leur appréhension. L'Iran reste dans la ligne de mire des pays occidentaux. Washington a qualifié la décision iranienne de «provocation» et le chef de l'AIEA, Yukiya Amano, s'est dit «inquiet». Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, et le président français Nicolas Sarkozy veulent l'adoption de sanctions contre l'Iran. Seule la Chine est favorable à la poursuite des discussions en vue d'un «consensus». Téhéran a promptement répondu aux menaces. «Les Etats-Unis et la France ont tort, des sanctions n'aideront pas à sortir de l'impasse», a affirmé le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères. «Ils se trompent s'ils pensent que notre peuple reculera d'un seul pas du fait de telles mesures.» L'Iran a dans le même temps réaffirmé demeurer «prêt à un échange» de combustible avec les grandes puissances. Téhéran a rejeté en novembre une proposition des «Six» sur l'envoi en une seule livraison de la plus grande partie de son stock d'uranium faiblement enrichi en Russie et en France pour y être transformé en combustible pour le réacteur de Téhéran. Menacé de nouvelles sanctions pour ce refus, Téhéran avait donné en retour jusqu'à fin janvier aux «Six» pour accepter de lui livrer du combustible à ses conditions. Faute de quoi, l'Iran commencerait à produire lui-même cet uranium dans ses usines. Les Iraniens ont tenu parole, poursuivant leur évolution vers le progrès. Après sept ans de crise ouverte avec les puissances occidentales et trois volets de sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies la situation est revenue à la case départ. M. B.