La Confédération africaine de football (CAF) a fait encore parler d'elle durant cette 27e édition de la Coupe d'Afrique des nations de football. Au-delà des problèmes rencontrés au cours du déroulement de la compétition, sur plan organisationnel notamment, c'est certains aspects liés à l'équité ou à la gestion de certains dossiers, comme celui du Togo, qui ont été cette fois-ci au centre des débats. A propos de ce dernier point, la sanction tombée la veille de la finale -exclusion du Togo des deux prochaines CAN- en a «choqué» plus d'un parmi les observateurs de la scène sportive internationale. Il faut rappeler que le bus transportant la sélection togolaise a été mitraillé la veille du début de la compétition, le 9 janvier dernier, à Cabinda, la province angolaise se trouvant à l'intérieur du territoire de la RD Congo. Bilan : deux morts parmi les membres du staff technique et le retrait de l'équipe togolaise de la CAN. Pour exprimer leur «soutien», les autorités angolaises ont envoyé des membres du comité local d'organisation assister à l'enterrement des deux victimes. Le président de la CAF, M. Issa Hayatou, s'était, entre-temps, déplacé au camp d'hébergement de la sélection togolaise pour s'enquérir de la situation. Sur place, il avait indiqué, et cela a été répercuté même sur le site Internet de la CAF, à l'endroit des responsables de l'équipe togolaise, que ce serait une «chose compréhensible» si cette dernière se décidait à se retirer de la compétition. Seulement, le 30 janvier dernier, à l'occasion du congrès de la CAF, le Togo a été sanctionné d'une exclusion des deux prochaines éditions pour… s'être retiré de la CAN. Les responsables de la Confédération africaine avaient fait référence, en prononçant cette sanction, au règlement de la CAN. Or, ces mêmes règlements parlent de «circonstances atténuantes». L'instance footballistique africaine a donc jugé que le mitraillage du bus togolais n'était en rien des «circonstances atténuantes». Dans son communiqué, la CAF a précisé que cette sanction est due, entre autres, au fait que ce sont les autorités togolaises qui avaient demandé à la sélection de se retirer alors que les joueurs voulaient rester. Que cela soit une «ingérence des politiques dans les affaires sportives» ou non, est-il pour autant concevable qu'une équipe qui a subi de tels événements puisse participer à un match deux jours plus tard comme si de rien n'était ? De plus, n'est-il pas normal qu'une telle décision -retirer une équipe d'une compétition continentale- soit prise par les plus hautes autorités d'un pays ? Quel serait ce président de fédération qui prendrait une décision pareille seul sans en référer à ses responsables hiérarchiques ou à sa tutelle ? En tout cas, la CAF a fait preuve d'une «légèreté» extrême dans le traitement de cette affaire. A moins que les membres du bureau exécutif de cette instance aient pris en considération les affirmations des responsables du comité d'organisation qui avaient déclaré que c'est le Togo «qui s'était entêté à se déplacer par voie terrestre». Quoi qu'il en soit, forcer des joueurs qui s'étaient fait mitrailler deux jours auparavant à prendre part à une compétition est pour le moins «inconcevable». L'autre aspect négatif dans la gestion de la CAN par la CAF est lié au déroulement de la compétition en elle-même. Les deux matches des quarts et demi-finale de la Coupe d'Afrique livrés par l'Egypte, respectivement face au Cameroun et à l'Algérie, ont mis a nu -chose qui a été également relevée par moult observateurs- la mainmise des Egyptiens sur cette instance, d'autant que le siège de la CAF est au Caire, ce qui se traduit souvent par un arbitrage des plus douteux. Dans les deux rencontres, il y a eu des «erreurs» d'arbitrage qui ont fait basculer le cours des événements… à l'avantage de l'Egypte, bien sûr. Tout cela n'est pas sans jeter un discrédit sur l'institution africaine, sujette, déjà, à diverses critiques. En dernier lieu, l'autre sujet de discussions des analystes durant cette CAN est lié à la manière dont la CAF octroie l'organisation à certains pays et à sa capacité à faire respecter «le cahier des charges» qui va avec. Finalement, pour plus d'un, l'Angola n'était pas totalement prête pour l'organisation de cette édition. Beaucoup de lacunes ont été relevées. Cette compétition, étant devenue un événement très suivi à travers le monde et qui, de surcroît, draine beaucoup d'argent, ne devrait, en aucune manière, subir la logique du «nivellement par le bas». Evoquer les «spécificités africaines» ou bien un «équilibre régional» dans ce genre de circonstances est «mal venu». La CAN ne devrait être organisée que par des pays qui présentent toutes les garanties quant à sa réussite sur tous les plans. Quitte à ce que celle-ci soit attribuée à des pays qui l'ont déjà organisée.