La 19e édition des Championnats d'Afrique des nations de handball, hommes-dames, qui débutera aujourd'hui au Caire, en Egypte, a connu, au cours des trois derniers mois, des développements aussi surprenants que grotesques. Il n'est pas sans rappeler que la polémique autour de l'organisation de cette compétition a commencée au lendemain de la victoire de l'Algérie sur l'Egypte, le 18 novembre dernier, à Khartoum, au Soudan, dans le cadre des qualifications pour le Mondial de football sud-africain. Les Egyptiens, n'ayant pas admis la défaite, ont vite entamé une campagne médiatique sans précédent contre tout ce qui symbolise l'Algérie. Dans cette logique, le président du Conseil égyptien du sport, Hacen Saqr, tentant «d'apaiser» la colère de la foule, a déclaré que son pays ne prendrait pas part à n'importe quelle compétition si jamais le tirage au sort donnerait l'Algérie comme adversaire de l'Egypte. C'est ainsi que quelques jours seulement après ce match de Khartoum, la «problématique» du football a vite atteint le handball. Dans un premier temps, une semaine après le 18 novembre, la Fédération égyptienne de handball a essayé de faire pression sur son homologue algérienne afin de la pousser à ne pas participer à cette édition. Les Egyptiens ont même envoyé une lettre à la Confédération africaine de handball (CAHB) dans laquelle ils évoquent des risques liés à la sécurité des deux délégations algériennes. Face à l'insistance de la Fédération algérienne de participer à cette compétition, malgré les conditions difficiles, le Caire a demandé à la CAHB de reporter cette édition de cinq mois environ. Selon eux, d'ici là, les tensions seront apaisées. Là encore, la Confédération africaine a été intransigeante. Il faut dire que c'est surtout les fédérations membres, notamment les équipes participantes à cette compétition, qui ont refusé un tel report. D'autant que cette édition est qualificative pour le Mondial 2011. S'il y a report, les équipes qui se qualifieront pour la Coupe du monde de handball seront certainement pénalisées en termes de préparation. En tout cas, ce refus a placé, de facto, l'Egypte devant un dilemme. Après avoir sciemment attisé la tension à son comble, les responsables égyptiens de la chose sportive craignent désormais le retour de manivelle. Organiser la compétition dans de telles conditions, après avoir chauffé à blanc leurs supporters, pourrait provoquer des «incidents». C'est à ce moment-là, trois jours avant la fin du mois de novembre, que la Fédération égyptienne, annonce sa décision de se désister de l'organisation de ces Championnats. Argument principal : il y a des risques de dépassement. Les événements s'accélèrent. Devant un tel cas de figure, à savoir se désister de l'organisation, quelques mois seulement ou même quelques semaines avant le début d'une compétition, devrait valoir des sanctions allant jusqu'à une interdiction de participer à toute compétition internationale pendant deux années. Mais, peine perdue, devant l'influence qu'exercent les Egyptiens au sein des institutions internationales de handball, notamment au sein de la Fédération internationale (IHF) dont le président n'est autre que l'Egyptien Mustapha Fahmy. La CAHB envoie, donc, un courrier aux fédérations membres pour leur annoncer la nouvelle, mais surtout pour recueillir les candidatures à l'organisation de cette 19e édition des Championnats d'Afrique des nations de handball. Les pays intéressés n'ont seulement cinq jours pour se prononcer. La décision de l'octroi de l'organisation devait être prise le 3 décembre 2009. Trois pays se sont prononcés, directement ouindirectement. Il s'agit de l'Algérie, de la Tunisie et du Maroc. Auparavant, les Egyptiens avaient annoncé que tout en se désistant, elle n'accepterait pas que l'organisation échoit à l'Algérie. Les Fédérations tunisienne et marocaine réclament des sanctions contre l'Egypte. La CAHB se tait. Le Maroc et la Tunisie retirent leur candidature. Craignant que la Confédération africaine n'octroie l'organisation à l'Algérie, l'Egypte prend la décision de se réapproprier cette édition. Mais, le plus grave est que la CAHB accepte de participer à ce jeu de «cache-cache». Le feuilleton rend donc fin début décembre. Il a duré environ deux semaines. Un tel imbroglio ne se passerait jamais dans un autre continent sans provoquer des réactions. Mais la Confédération africaine a, apparemment, d'autres priorités. De toute évidence, cette 19e édition a beaucoup fait parler d'elle. Une «polémique» qui se poursuivra probablement pendant une quinzaine de jours encore. A. A.