Photo : A. Lemeli Entretien réalisé par notre correspondant à Constantine A. Lemili LA TRIBUNE : Vous êtes à Constantine en qualité de journaliste, d'auteur ou de réalisateur ? Jean-Jacques Andreani : Oui, je suis à Constantine dans un contexte professionnel mais aussi émotionnel. Ce voyage n'est pas le fruit du hasard, il est la combinaison de deux courants. Le premier a consisté en la volonté de réaliser un certain nombre de sujets qui mettent en évidence des traits patrimoniaux et culturels dans différentes régions d'Algérie mais aussi parce que je suis né à Constantine, ce voyage ne présentait pas pour moi un retour aux sources mais une sorte de cheminement vers la ville qui m'a vu naître. Il me semblait, et c'est d'ailleurs important pour moi de faire la boucle, important de revenir à l'origine pour mieux comprendre des choses qui me sont personnelles, qui font partie de moi. Aujourd'hui, avec mes yeux d'adulte, je comprends mieux un certain nombre de choses, je comprends mieux pourquoi j'ai autant d'amour pour cette ville et ce pays. Avez-vous le sentiment que le courant est passé entre vous et les habitants de cette région d'autant plus que c'est la première fois que vous revenez en Algérie et que, du coup, vous visitez pratiquement dans leurs détails des wilayas comme Batna, Biskra et évidemment Constantine. En fait, entre théorie et pratique où pourrait se situer la nuance ? Ce qui m'a le plus touché, c'est que, dans tous les coins où j'ai eu la chance de passer, j'ai découvert l'hospitalité, la gentillesse, l'ouverture d'esprit. Non pas que ça m'aie surpris parce que, quelque part, je m'y attendais, mais tout bonnement ça m'a conforté dans l'idée que j'étais relié à cette terre et ça m'a donné l'envie de ne pas rester uniquement sur ce premier voyage mais d'aller encore plus loin non pour augmenter uniquement mes connaissances mais pour aller plus loin sur le plan humain parce que non seulement cela me fait plaisir mais me fait dire que, dans cette Méditerranée il y a plus de points de rapprochement possibles entre les hommes que de points de discorde. C'est donc dans cet axe que je me place pour envisager mon prochain voyage et le choix des thèmes que je travaillerai. Finalement, vous semblez avoir profité d'une chaleur humaine qu'au demeurant vous imaginiez par anticipation et qui vous a, sans nul doute, servi affectivement à la réalisation des cinq documentaires que vous avez réalisés durant cette huitaine de jours… Oui, je ne vous cacherai pas que j'ai découvert au cours de ces tournages deux individus qui pour moi sont maintenant des amis. Et évidemment, dans ces conditions-là, il est difficile d'imaginer de la même manière le reste des aventures à venir. C'est à la fois un rapprochement culturel… c'est sûr, mais aussi amical à la charge émotionnelle exceptionnelle, d'une dimension particulière et importante pour moi. En conclusion, et je reviens un peu à ma première question, ce voyage va-t-il se traduire par un travail journalistique, télévisuel ou rédactionnel ? Journalistique peut-être pas mais du point de vue de la réalisation audiovisuelle, c'est sûr dans la mesure où le programme qui a été fixé, malgré quelques modifications, a été accompli au-delà de mes espérances. Au niveau auteur également parce qu'il y aura forcément des suites et, enfin, du point de vue ethnographique, dans le bon sens du terme, aussi, parce que ça m'a donné envie d'aller plus loin en creusant des thèmes que j'ai en tête et que je ne peux plus imaginer et traiter de la même manière parce qu'il se trouve que beaucoup de personnes rencontrées ces derniers jours sont pour moi autant de raisons de voir les choses comme l'un des leurs.