Peu de gens le savent. Ceux qui l'ont connu et qui ont travaillé sous sa coupe en témoignent. Kamel Belkacem était l'un des pionniers de la liberté de la presse, dans le sens qu'il a toujours soutenu la liberté d'expression au sein des rédactions, la liberté de ton dans les écrits sous le parti unique et la liberté de l'action syndicale autonome. Sous la direction de feu Kamel Belkacem, Algérie Actualité a été l'expression de l'Algérie en effervescence des années quatre-vingt, caractérisé par une liberté de ton indéniable brisant ainsi le discours monolithique de la pensée unique. Au-delà de ses qualités humaines reconnues par ses pairs et ses amis, K. B., comme le désignait la profession, a marqué de son empreinte un hebdomadaire qui était la fierté de la presse nationale et une école du journalisme algérien. Les journalistes qui ont travaillé avec lui se souviennent des réunions de rédaction animées et des débats houleux autour du menu qui devait sortir des sentiers battus en reflétant la réalité d'une société dynamique, d'un débat d'idées riches et variées aussi bien politique que littéraire et artistique. Il est évident que K. B. faisait semblant de calmer les ardeurs et les élans d'une rédaction jeune, motivée et engagée, mais il savait que le journal qui sortait tous les lundis serait digne de cette Algérie qui bougeait. D'autant plus que K. B. devait concilier les tendances politiques du large spectre qui composait Algérie Actualité. Il était aussi directeur général de l'ENERIM, une sorte de holding de presse qui éditait en plus de l'hebdomadaire phare A. A. des revues mensuelles telles que Parcours maghrébin, Harmonie… C'est à l'époque de Kamel Belkacem à la tête d'Algérie Actualité que le MJA naquit. La rédaction d'A. A., à l'instar des rédactions d'autres organes publics, connaissait une effervescence extraordinaire. Kamel Belkacem n'a jamais entravé l'action syndicale des journalistes de toutes les publications qui étaient sous sa coupe. Malgré l'obligation de réserve que lui imposait son statut de directeur général d'un groupe de presse, il soutenait discrètement la dynamique syndicale et espérait sonaboutissement. Après avoir quitté Algérie Actualité, K. B. a tenté de son côté l'aventure intellectuelle en créant avec Mahmoudi le Nouvel Hebdo avant de créer le Quotidien d'Algérie. La disparition de Kamel Belkacem est une autre perte pour la presse nationale. Une autre mémoire de ce métier ingrat s'est tue. A. G.