Les Etats-Unis s'apprêtent à déclencher en 2010 une grande offensive à Kandahar considérée comme le berceau des talibans dans le sud de l'Afghanistan. L'opération actuelle à Marjah dans la province voisine ne serait qu'un «prélude» à la grande opération en question. Les responsables militaires américains estiment que Kandahar est la base arrière, voire la «capitale» du mouvement taliban. Prendre le contrôle de cette ville est l'objectif pour 2010 des militaires de la coalition. Retourner la tendance et récupérer du temps et de l'espace pour le déploiement du gouvernement afghan passeraient par Kandahar. Cette stratégie serait conforme à la feuille de route entamée début décembre 2009 par le président Obama lorsqu'il a annoncé l'envoi de 30 000 soldats supplémentaires dans le pays. «Kandahar entre dans la stratégie», a reconnu Zemaray Bashary, le porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur interrogé par la chaîne de télévision qatarie El Jazeera. Pour l'heure, l'offensive lancée par 15 000 soldats de l'OTAN et de l'armée afghane dévoile ses premiers résultats. Les autorités afghanes, soutenues par les marines américains, ont pris jeudi dernier le contrôle de Marjah dans la province du Helmand. Marjah était l'un des objectifs de l'opération dite «Mushtarak» lancée le 13 février. Marjah et ses environs sont considérés comme l'un des fiefs des insurgés et aussi un grenier à pavots de l'Afghanistan, la matière première de l'opium et de l'héroïne. Les talibans tireraient une partie de leurs ressources de cette substance. La province du Helmand, où se trouve Marjah, est aussi l'un des fiefs talibans dans le Sud. Trois autres districts de cette province seraient les prochaines cibles d'une offensive de l'armée afghane et de l'OTAN. La province voisine de Kandahar est considérée, malgré la présence de nombreuses troupes étrangères, comme une place forte de l'insurrection. La guerre en Afghanistan continue de susciter la controverse parmi les gouvernements engagés. L'OTAN a exhorté de nouveau les Pays-Bas à maintenir une présence militaire dans ce pays pour contribuer aux efforts visant à instaurer la sécurité et la paix. L'OTAN a affirmé qu'un retrait total des troupes néerlandaises d'Afghanistan aurait des «répercussions politiques et enverra un message inquiétant au peuple afghan». Présents en Afghanistan depuis août 2006, les Pays-Bas ont déployé près de 2 000 soldats dans la province d'Oruzgan dans le Sud. L'OTAN avait déjà demandé aux Pays-Bas de prolonger d'un an la mission de leur contingent, qui doit s'achever en août prochain. D'un autre côté, le commandant en chef de l'armée britannique, le général David Richards, n'exclut pas un retrait des troupes de Sa Majesté du terrain afghan. Le contingent britannique (10 000 soldats actuellement) pourrait être réduit dès le début de l'année prochaine et la majorité des troupes rentrerait au pays d'ici cinq ans, affirme-t-il. 266 militaires britanniques ont été tués depuis le début de la guerre en 2001. M. B.