De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Le CHU de Constantine enregistre moins d'une centaine de propositions par an relatives au placement dans des structures sanitaires situées à l'étranger. D'un côté, la réforme hospitalière enclenchée ces dernières années et, de l'autre, les dépenses excessives de la prise en charge ont fait que le taux est en recul. En outre, l'Etat n'a pas lésiné sur les moyens pour des mises à niveau cycliques dans le secteur. On n'exclut pas non plus le rôle de la commission nationale, qui décide du placement et joue le rôle de régulateur des propositions de transfert émises par les différents CHU des autres wilayas. Et ce, bien que le bureau social crie souvent à l'application de la politique du deux poids, deux mesures pour la délivrance de l'autorisation de transfert. De plus, nombreux sont ceux qui soutiennent que cette commission tarde souvent à donner son feu vert permettant aux patients de commencer leur thérapie. Il n'est pas toujours aisé de décrocher le quitus vital pour aller se faire soigner à l'étranger. La prise de décision revient au service de référence situé à Alger. Une fois la proposition de placement du malade adressée, des spécialités épluchent le dossier pour décider de la nécessité ou non du placement. «C'est des médecins émérites qui étudient minutieusement le constat initial consigné dans le dossier du malade paraphé par le chef de service de la structure expéditrice», apprend-on du secrétaire général du CHU. Du moins, cette lecture n'est pas pour le moins partagée par le bureau de l'assistanat social qui soulignera : «Certes, la régression est significative dans les transferts, mais on soulèvera les latences avec lesquelles ladite commission traite des sujets “impérativement” transportables ! La commission devrait être assez délicate avec la feuille de malade. Elle est appelée à la voir tel un patient en détresse la sollicitant pour une prise en charge rapide, au risque de réduire son éventuelle guérison de trois quarts…». Au même chapitre, notre interlocutrice critique sévèrement le silence affiché par les «spécialistes» constantinois devant le refus d'Alger en dépit d'un compte-rendu local détaillé et consolidé par des examens radiologiques ou biologiques. Sans polémiquer, le directeur de l'hôpital dissipe les doutes sur ce sujet : «Le service de référence renferme les meilleurs spécialistes et il est donc habilité à trancher.» Les transferts tendent vers la suppression, une fois le plateau technique garanti, du transfert des malades à l'étranger ou plus précisément : «La décision médicale pour le placement d'un malade pour soins de haut niveau conformément à l'application de l'arrêté du 03/09/1995» est une démarche qui est sur le point d'être abolie. Autrement dit, pour reprendre les déclarations à ce propos du directeur du centre hospitalier Ben Badis de Constantine, en l'occurrence M. Zermane, l'Etat tend vers la suppression de cette option. Pour preuve, il est noté une réduction sensible dans le registre des placements. «Le pays est passé de 8 000 à 400 transferts», étaye le responsable. En ce qui concerne l'état des lieux de cette option à Constantine, «en 2009 le CHU a enregistré 74 propositions de placement, dont 10 seulement ont été avalisées par la commission, associant des experts du ministère du Travail et de la Protection sociale. Pour l'année en cours, on dénombre 7 dossiers inscrits dans le registre», apprend-on de l'assistante sociale auprès de l'hôpital local. Un élan remarquable favorisé par la compétence du corps médical ainsi que la formation en continu qu'il assure dans des centres de perfectionnement outre-mer. En somme, c'est «le fruit» de la politique étatique dans la réforme hospitalière. Pour cela, M. Zermane affirmera que l'«on a des budgets consacrés à toute cette mutation dans le secteur de la santé». A titre d'exemple, le CHU a expédié pour un stage 11 maîtres assistants relevant de spécialités requises à Constantine et ce, dans le but d'acquérir des techniques et des connaissances pour prendre justement les sujets censés «transférables» vers des hôpitaux étrangers. Cependant, il reste à garantir le plateau technique, c'est-à-dire la disponibilité de l'imagerie avec tous les types de radiologie et de tests biologiques, qui commence à prendre place progressivement dans divers centres répartis à l'échelle nationale. Une dotation qui ne s'élargit pas à toutes les structures. C'est en fonction de la carte sanitaire et de la disponibilité de spécialités qui imposent que tel ou tel hôpital devrait se doter de son plateau technique spécifique. Les motifs qui conditionnaient le placement, à savoir la spécialité inexistante, l'absence de compétences, notamment l'insuffisance du plateau, sont en voie de disparition. Actuellement, seuls des cas de cardiologie congénitale (moins de 6 mois), de cardiopathie complexe, de neurochirurgie et quelques cas orthopédiques motivent la décision de transfert. «Il faut bien réviser le propos de décision de placement», précise M. Zermane, expliquant que «le transfert ne comprend pas uniquement un déplacement vers l'étranger, mais il pourrait bien s'agir d'une hospitalisation dans une clinique spécialisée algérienne en mesure d'assurer une prise en charge adéquate comme préconisé par les raisons de cette sollicitation. Il faut savoir que 80% des pathologies sont à portée de mains des spécialités en Algérie.» En parallèle, faudra-t-il souligner, «le traitement d'un seul malade à l'étranger équivaut à une prise en charge de 10 en Algérie». L'étau se resserre autour des placements à l'étranger et tant mieux si les compétences nationales défient les blouses blanches de l'Hexagone au grand bonheur des patients porteurs de graves pathologies. Mais ces derniers luttent pour des examens approfondis disponibles dans des cliniques privées, presque les seules à être armées des «plateaux techniques» susmentionnés. Là est la petite disproportion !