De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Paradoxe ou ironie du sort, les fonctions qu'assurent les ESPS s'apparentent à celles des UDS ! Mais, au moins deux facteurs communs les caractérisent : L'accueil et le dépistage. Pour le reste, c'est l'éternel temple hospitalo-universitaire «CHU», qui prendra le relais en cas de sérieuse pathologie, ou dans les autres cas, des cliniques privées lorsqu'il s'agit de maladies décelées chez les élèves. C'est dire que la santé de proximité n'a pas encore atteint une vitesse de croisière à Constantine. Au-delà du simple geste pour de petits «bobos», d'aucuns pensent que ces structures servent beaucoup plus de centres de transfert quoiqu'ils renferment des points de garde permanents. Le corps médical tourne-t-il le dos aux établissements de santé publique de proximité ? Parfois, le manque de médecins spécialistes (on en compte rarement plus de deux) pousse la majorité des patients vers des centres plus spécialisés. Entre autres, les EHS pour les plus chanceux. Les établissements publics de santé de proximité ont été introduits à Constantine le 1er janvier 2008 pour alléger le calvaire des citoyens, notamment ceux résidant dans des zones enclavées et même pour assister les autres structures hospitalières souvent en surcharge. La conception étant simple : «Rapprocher la santé du citoyen.» Néanmoins, la réalité du terrain prouve le contraire dès lors que ces unités sont dépourvues pour la plupart de moyens de bord pour prodiguer des soins et remèdes, fussent-ils élémentaires, aux patients. Laboratoire d'analyses et radiologie sont le talon d'Achille de ces EPSP, lesquels étaient qualifiés en tant que tels, rappelons-le, en mai 2007, par l'ex-ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Amar Tou. Les 6 établissements que compte la capitale de l'Est à travers les 6 communes que sont El Khroub, Aïn Abid, Zighoud Youcef, Hamma Bouziane et Ben M'Hidi-Mentouri dans le chef-lieu, assurent des soins préventifs. A la moindre complication, c'est le transfert immédiat vers le CHU Ben Badis. Autrement dit, la santé n'a pas rendu visite aux malades à travers cette nouvelle approche, du moins à Constantine. Il faudra attendre probablement trois années pour pouvoir évaluer l'impact induit par cette nouvelle cartographie, estime un gestionnaire bien au fait de ce sujet. Il s'avère que l'on ne peut établir un bilan après le bref parcours accompli par ces mini-hôpitaux. Au plan financement, ces derniers sont dans l'attente de leur second budget, qui devrait être débloqué par le ministère de la Santé au début du mois de mars prochain. Aucun chiffre n'est pour l'heure avancé. Toutefois, il faut savoir que le premier budget de fonctionnement octroyé à ces structures était différent d'une unité à l'autre, selon les besoins spécifiques à chaque région. La subvention oscille entre 10 et 25 milliards de centimes. Plus de 84% du budget est consommé par la rémunération du personnel, notamment à Constantine et dans la localité d'El Khroub. Aïn Abid Et Zighoud Youcef en consomment un peu moins avec une fourchette de près de 70%. La manne consacrée au volet de la formation demeure le parent pauvre de cette balance. En effet, aucune structure ne débourse plus de 3% dans les mises à jour scientifiques. Sur ce point, un responsable local indiquera qu'«il faut, à titre d'exemple, renforcer le personnel paramédical qualifié afin de ranimer ces EPSP. Il ne s'agit pas seulement de gonfler les effectifs, car le mal est ailleurs. Néanmoins, la santé de proximité a besoin de gestionnaires compétents pour la propulser réellement au chevet des patients», et notre interlocuteur d'ajouter sur les performances enregistrées à l'issue d'une année de santé voisine : «On ne peut pas faire de constat au terme d'un an d'exercice. Certes, il existe des insuffisances allant de la simple prise en charge du malade aux soins intensifs. C'est un secret de polichinelle pour la population. Toutefois, il importe de faire un peu de chemin pour faire résonner la sentence sur la réussite ou non de ce système de santé de proximité.» Cette vision est notifiée dans le rapport de la direction de la santé de wilaya qui avoue qu'«en dépit de tous les moyens dont dispose le secteur dans cette circonscription, les activités restent en deçà des attentes avec des indicateurs n'excédant pas les 50%». La santé de proximité, dans sa globalité, est appelée à revoir sa copie à Constantine. Lorsque le CHU ne reflète pas une image positive de son hygiène ou intervient dans la prise en charge de ses chantiers, comment peut-on espérer un essor de ces «néophytes» de la santé de proximité ? Le ministre de la Santé, M. Barkat, qui a visité une seule fois Constantine, après son intronisation la tête du secteur, pour prendre la température des hôpitaux, devrait maintenant apporter des solutions afin de «ranimer ce secteur malade» comme l'atteste d'ailleurs un élu local.