Photo : DR De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi En fait, cette mise en garde de M. Tou intervient après la lecture par Mme Zerrouki du document relatif à la politique nationale de la santé allant, par palier de cinq ans, d'ici à l'horizon 2025 et qui a été approuvée le 13 avril 2008. «Vous venez de suivre le document portant politique nationale de la santé : bilan et perspectives. Désormais, je ne connaîtrai que les directeurs des différents centres sanitaires. Il ne sera plus toléré la fuite de responsabilité, le directeur du CHU est comptable de sa gestion. Pour ce faire, une meilleure qualité de service et un management hospitalier de bon niveau s'imposent. Cela dit, désormais une faute commise par une femme de ménage est à comptabiliser sur le dos du directeur», devait lancer M. Amar Tou, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière aux directeurs de la santé publique (DSP) et de CHU des 15 wilayas de l'est du pays regroupés jeudi dernier au centre culturel Malek Haddad. Ainsi, tous les projets devant être réalisés dans chaque région et leur taux d'avancement ont été passés au peigne fin par le ministre, conformément à la politique mise sur pied concernant la réforme engagée depuis 2005 et approuvée le 13 avril dernier, pour laquelle le président de la République «s'oppose à tout ralentissement». Si la majorité des wilayas enregistre quelques imperfections, tolérées à la limite par la tutelle, notamment dans les délais d'acquisition des œuvres hospitalières, il n'en est pas de même pour la capitale de l'Est «mise dans l'œil du cyclone». En effet, M. Tou a récusé en bloc la lecture du bilan débité par le directeur du CHU. Outre le retard accusé dans l'extension du Centre anticancéreux (CAC), qui devra passer de 35 à 135 lits, dont la date de réception est jugée assez lointaine, soit en 2010, il est reproché à l'hôpital de Constantine d'avoir versé dans des luttes intestines au détriment des chantiers à réceptionner dans les délais. A ce sujet, le ministre nous a révélé que, «sur la base d'une enquête interne, on s'aperçoit que le directeur aura établi des décisions qui ne sont pas de ses prérogatives mais relèvent de l'exercice du ministère. C'est pourquoi nous avons décidé de dépêcher une commission de haut niveau pour trouver une issue à ce climat intolérable au sein de l'hôpital. Il faut s'assurer que toutes les conditions de travail sont réunies. S'il y a vraiment des problèmes objectifs, le ministère apportera sa contribution». Et de poursuivre : «On a vécu presque le même scénario au niveau du CHU d'Oran. Toutefois, ce dernier est reparti de plus belle. J'insiste pour que ce soit le cas pour Constantine.» Par ailleurs, notre interlocuteur n'écarte pas l'éventualité de recourir à des sanctions en cas d'obstination. «La première étape est purement pédagogique… Ensuite, on verra…» renchérit-il. Sur un autre chapitre, le secteur privé n'a pas été oublié dans le programme de M. Tou, et ce n'est sûrement pas pour tempérer le climat tendu dans la salle, au défilé des différents directeurs de la santé publique qui ont reçu pour la plupart des douches écossaises, que le ministre adresse une mise en demeure au secteur privé, le sommant de se conformer à la loi régissant l'activité en soutenant : «Je ne vois pas pourquoi dans le secteur public on poursuit en justice le directeur en cas de défaillance. A l'avenir, plus de dichotomie en matière de droit entre le secteur privé et le secteur public», avant de révéler : «Nous avons soulevé beaucoup d'affaires dangereuses concernant le non-respect des lois d'activité du secteur privé ayant trait aux inscriptions des malades et au nombre de médecins chirurgiens dénombrés». En première sensibilisation, voire sanction, la tutelle «procéderait cette semaine à la fermeture de 7 à 8 cliniques privées pour une durée d'un mois.» M. Tou, qui laisse cette éventualité en suspens, ne soufflera mot sur le lieu d'implantation de ces cliniques. N. H. Le drame de la circoncision collective au Khroub : «L'Etat prendra en charge les enfants mutilés» En marge de la réunion de travail qu'il a tenue à Constantine, le ministre de la Santé nous a affirmé que «l'Etat prendra en charge comme il se doit les enfants mutilés lors de la circoncision collective de Khroub» survenue en octobre 2005. A ce sujet, le ministère a réitéré son engagement, après la promesse donnée au terme de sa visite effectuée le 25 novembre 2005, de concrétiser en premier lieu par une prise en charge les deux cas graves qui ont été transférés en Belgique en compagnie du professeur Hantala de Beni Messous. La tutelle attend les prochains diagnostics de ce professeur pour entrevoir d'autres prises en charge, que ce soit ici en Algérie ou à l'étranger. «Que chacun fasse son boulot, la déontologie, la justice et le ministère», insistera M. Tou.