Le taux d'inflation annuel (février 2010-février 2009) a atteint + 5,5%, selon l'Office national des statistiques (ONS). Il est présenté comme une bonne nouvelle, car une baisse de 0,2% par rapport à celui de l'année précédente est notée. «Le rythme d'inflation en glissement annuel», titre une dépêche de l'APS. Mais les chiffres on peut les interpréter comme on veut. Ainsi, la première phrase peut-être écrite comme suit : le pouvoir d'achat annuel des Algériens a baissé, entre février 2009 et février 2010, de 5,5%. La différence est de taille. Les données de l'ONS confirment que l'indice des prix à la consommation a cru de 4,2%. Les prix des biens alimentaires ont enregistré une évolution de +5,7%. A ce rythme-là, les effets des augmentations de salaire accordées au corps de l'éducation nationale, une moyenne de 30%, seront annihilés dans moins de six ans. D'ici là, le pouvoir d'achat des enseignants sera identique à celui d'avant mars 2010. Et il en sera ainsi pour tous les autres secteurs. La révision des grilles n'a donc qu'un effet temporaire, et de courte durée, à défaut d'une politique salariale évolutive. Au lieu d'instaurer un point indiciaire variant en fonction du taux d'inflation, afin de préserver le pouvoir d'achat des citoyens, il faudra attendre les prochaines tensions sociales pour organiser des tripartites et accorder des bonifications de salaires à des fonctionnaires qui n'en jouiront pas longtemps. Et le cycle reprend. Cette inflation pernicieuse semble savoir exactement où le bât blesse. Elle cible particulièrement les produits que le consommateur ne peut bouder. Les produits agricoles frais enregistrent une élévation du prix de 4,5%, les produits alimentaires de 6,8%, les fruits frais de 42,3%, la viande de bœuf de 15% et celle du mouton de 7,4%. Ce qui ne laisse aucune chance au consommateur d'éviter l'onde de choc qui rend ses fins de mois de plus en plus rocambolesques. La question qui reste posée est : n'y a-t-il aucun moyen d'atténuer les effets de l'inflation ? Certainement oui. Des mécanismes de prévision et de prévention existent, même pour un pays qui dépend presque entièrement des aléas des marchés internationaux, mais encore faut-il que des experts s'en inspirent. L'épisode du sucre et des produits sucrés est symptomatique. L'envolée du prix de cet aliment sur les marchés mondiaux a eu des répercussions directes sur le plan interne. Il y a quelques mois, le consommateur algérien a été surpris de constater que le kilogramme de sucre a doublé sans avertissement. Or, depuis quelques semaines, sur la scène internationale, les prix du sucre ont connu une chute vertigineuse. Cet écroulement ne s'est pas répercuté au niveau de la superette du quartier. Et le simple citoyen continue de subir les effets d'une augmentation révolue. La Bourse mondiale est certes volatile et difficilement accessible aux non-initiés, mais elle est régie par des règles bien définies. Y a-t-il des experts algériens qui la suivent de près pour ne pas subir de plein fouet ses tendances ô combien nuisibles sur la santé des produits et des économies ? S. A.