Des centaines de familles ont été relogées la semaine dernière à Alger. Prenant définitivement congé de leurs bidonvilles sur les hauteurs d'Hydra, ces citoyens ont rejoint leurs nouvelles habitations à Tessala El Merdja. Avant eux, ce sont les familles de la cité Diar Echems à El Madania (ex-Clos Salembier) qui ont irrémédiablement tourné la page de l'exiguïté et du mal-vivre pour des habitations plus décentes. Dans les deux cas, ces relogements ont été décidés à la suite de troubles et d'émeutes durant lesquels les habitants concernés ont violement exprimé leur ras-le-bol d'une situation qui leur paraissait de plus en plus intenable. Pour éviter que les manifestations débordent, les autorités ont vite fait de répondre favorablement aux doléances empressées des citoyens colériques en les relogeant, pour leur bonheur, dans des sites préalablement achevés. Néanmoins, ces derniers étaient destinés à d'autres programmes mais ont fini par être «détournés» eu égard à l'urgence de la situation. La démarche peut paraître contestable si l'on considère que les destinataires initiaux de ces nouvelles constructions ont été dépossédés de leurs précieux biens parce que d'autres citoyens ont fait valoir par la force et la violence leurs droits. S'il est indéniable que les nouveaux relogés méritent légitimement d'aspirer et de passer à une vie meilleure, il est néanmoins condamnable de constater que ce sont les méthodes illégales qui peuvent être plus bénéfiques que les voies réglementaires. Si on considère qu'on peut ne pas être écouté lorsqu'on attend «gentiment» que sa demande d'acquisition de logement aboutisse après de longues années d'une courageuse patience. Que peut bien être le sentiment de celui qui a passé une partie de sa vie à attendre le fameux toit et qui voit défiler une infinité de programmes de relogement sans qu'il puisse en bénéficier au moment où ceux qui sortent dans la rue pour dévaster tout sur leur chemin et brûler des pneus sont servis en priorité. A fortiori lorsqu'il s'agit de citoyens qui se refusent à ce type de procédés et qui sont foncièrement opposés à l'usage de la violence. Faut-il donc casser et saccager pour se faire entendre ? Avant cette méthode, c'est celle qui s'appuie sur le clientélisme et les passe-droits et qui continue de faire des «victimes» parmi les honnêtes mais néanmoins «simples» citoyens. L'Algérie n'a pas, en effet, fini de laisser les méthodes malsaines et prohibées s'ériger en valeurs sûres et éternelles au point de désarçonner les citoyens qui ne savent plus à quel saint se vouer. Et le pays ne retrouvera un semblant de «normalité» que lorsque la loi et la réglementation sont respectées et que les droits des uns et des uns sont équitablement considérés. M. C.