La mercuriale quotidienne, marquée par la hausse des prix des fruits et légumes, inquiète mais ne surprend plus. Les citoyens sont maintenant habitués à cette flambée qui met à mal leurs petites bourses. Des prix augmentant hors de tout contrôle face à un pouvoir d'achat de plus en plus faible. Un tour s'impose dans un des marchés de la capitale pour voir d'un peu plus près l'inquiétude des citoyens et l'absence totale de contrôle des prix. En témoigne le parcours de Halima, retraitée dépassant la soixantaine, qui entre au marché Ferhat Boussaad, ex-Meissonnier, deux paniers en mains, le regard inquiet et le pas lent, désireuse de faire les bons achats aux bons prix, mais en vain sachant qu'elle fait son marché, tous les deux jours, avec un budget de 2 000 dinars à gérer à chaque fois. Pourquoi deux paniers avec si peu d'argent ? «Pour équilibrer mes achats et éviter le mal de dos», explique-t-elle avec une petite pointe d'humour, et non pour les remplir comme on pourrait se l'imaginer. Il va de soi que remplir son panier n'est pas une mince affaire avec la hausse des prix des denrées alimentaires. La flambée des prix des fruits et légumes est de retour depuis quelques jours, semant l'inquiétude dans l'esprit des citoyens dont le pouvoir d'achat ne cesse de s'éroder. Et Halima n'est pas la seule citoyenne à déambuler d'étal en étal, marquant des arrêts, tâtant et sentant mais ne se décidant à acheter qu'après mûre réflexion. L'hésitation est de mise quand on doit faire des choix pertinents, impliquant le moindre coût pour la plus grande quantité d'aliments. «La salade est à 120 dinars le kilo, la pomme de terre à 40, les courgettes à 70 et les carottes à 50. Jusque-là, ça va. Mais la tomate vendue à 100 dinars, là, c'est exagéré», explique Halima avant de se décider à acheter des carottes à 50 dinars. «C'est le manque de contrôle qui est à montrer du doigt. Ce qui est impressionnant, c'est de voir que tous les marchands se mettent d'accord dans leur augmentation des prix, ça donne une anarchie organisée !!!» explique la ménagère qui ne projette pas d'acheter des fruits ce jour-là. Les fruits étant un luxe, souligne-t-elle. Et pour cause, leurs prix sont trop élevés pour les salaires moyens. «Quatre kiwis pour 100 dinars», avance le vendeur sur un ton joyeux, comme s'il annonçait la bonne affaire de la journée. Un enthousiasme qui ne sera pas aussi bien reçu par les citoyens, lesquels ne voient rien d'enthousiasmant dans cette annonce et traversent l'allée du marché sans s'arrêter. Les bananes sont à 130 dinars, les oranges sont cédées à 160 dinars le kilo et les fraises à 200 dinars. En attendant que les pouvoirs publics réussissent à stabiliser et contrôler le marché des fruits et légumes, les citoyens remplissent leurs paniers comme ils peuvent… F. B.