En plus de la volonté de diversifier ses clients en allant à la conquête du marché asiatique notamment, l'Algérie, qui est déjà un important fournisseur de l'Europe en gaz, essayera de saisir l'occasion que représente cette conférence pour renforcer sa place dans le domaine énergétique sur ce continent où les besoins en gaz sont de plus en plus importants. La 16e rencontre internationale sur le gaz qu'abritera la ville d'Oran (Algérie) entre le 18 et le 21 avril prochains sera l'occasion pour l'Algérie de remettre sur le tapis la question des prix du gaz et les accords stratégiques dans ce domaine, notamment avec l'Union européenne.Certes, l'UE, dont l'Espagne assure jusqu'à juin prochain la présidence semestrielle tournante, n'a pas manqué d'afficher l'engagement de l'Europe à donner «une impulsion aux relations de l'UE dans avec l'Algérie dans le secteur de l´énergie en vue de finaliser un accord de partenariat énergétique». Mais cet accord tarde à venir car toujours lié à certaines exigences, notamment en matière de circulation des personnes. Le constat de la préférence des Européens pour le gaz provenant d'Algérie est loin d'être exclu. Les experts l'ont souligné à maintes occasions. Et pour cause, le gaz russe, qui couvre 80% des besoins de l'Europe, pose des problèmes de transit par des pays tiers en conflit avec la Russie. D'ailleurs, des litiges épisodiques hypothèquent l'approvisionnement de plusieurs clients européens. D'où le besoin pour l'Europe de diversifier ses fournisseurs, dont l'Algérie qui, à travers les gazoducs en phase de réalisation (Galsi, Medgaz, Nigal), constitue, de l'avis des experts, «une alternative à l'approvisionnement russe dans les prochaines années». Les prévisions le montrent clairement : avec les gazoducs en construction, l'Algérie pourrait exporter 85 milliards de m3 de gaz par an au cours des cinq prochaines années vers l'Europe. Aussi, toujours selon les prévisions, la mise en service des unités de gaz liquéfié de Skikda et Arzew augmentera les quantités de 30 milliards de m3 au moins au cours des cinq prochaines années et doivent occasionner des recettes additionnelles d'environ 5 milliards de dollars si le cours du pétrole, du fait de l'indexation du prix du gaz sur celui du pétrole comme le souhaite l'OPEP, se stabilise entre 75 et 80 dollars le baril. Ce qui est sûr aujourd'hui, c'est que l'Europe, en pleine mutation énergétique, a besoin du gaz algérien. L'objectif principal du Vieux Continent est de sécuriser les approvisionnements à long terme dans un contexte où la demande en gaz connaît une croissance importante.A titre illustratif, le Royaume-Uni, qui était un pays fortement producteur, est devenu importateur en raison de l'épuisement progressif des réserves de la mer du Nord. Aussi, l'élargissement de l'Union européenne a complètement chamboulé la donne en matière d'énergie. Si, en 2001, les quinze Etats membres produisaient 56% du gaz qu'ils consommaient en 2020, l'Europe sera dépendante à plus de 75% de l'extérieur pour son approvisionnement gazier. Dans ce cadre, l'Algérie devrait être classée, à l'horizon 2015/2020, selon les prévisions de la commission européenne, derrière la Russie et la Norvège avec 14% de l'approvisionnement pour l'Europe, et selon les estimations internationales détenant entre 2,5 à 3% des réserves mondiales contre 35% pour la Russie et 15% pour l'Iran et plus de 10% pour le Qatar, ces trois derniers pays représentant plus de 60% des réserves mondiales. Avec toutes ces données, certes, du marché algérien du gaz et, même si l'Algérie a toujours besoin d'augmenter ses exportations de gaz et ses réserves de changes, faute d'une industrie productive hors hydrocarbures, la nécessité d'appliquer la politique décidée en matière d'utilisation du gaz et des énergies renouvelables s'impose. Et surtout que l'Algérie est devenue importatrice de gasoil. S. I.