Deuxième ville du pays, capitale de l'Ouest, capitale économique, El Bahia (la radieuse)… Oran collectionne les titres, aussi pompeux que prometteurs. Il était donc logique qu'elle soit désignée pour accueillir la 16e Conférence internationale du gaz naturel liquéfié (GNL16), une manifestation de grande ampleur. Mais bien vite on reviendra à la réalité. On se rend compte que «les titres» ne reflètent pas les capacités réelles de la ville et ce, malgré les mégaprojets lancés et ceux déjà réalisés. On est même obligé d'affréter des bateaux-hôtels pour héberger les invités.Et ceci ne concerne que le volet consacré à l'accueil des hôtes de la ville. Oran s'est révélée dans l'incapacité d'héberger dans les meilleures conditions les quelque 4 000 participants qui devraient prendre part au GNL16. Autrement dit, si la deuxième ville du pays, qui est dotée d'un aéroport et d'un port relativement importants, ne peut accueillir ses 4 000 invités, comment pourrait-elle gérer un flux plus important de touristes ? Car, tout économistes ou responsables politiques qu'ils sont, les participants au GNL16 ne sont pas moins des touristes qui, à ce titre, ont besoin de trouver les structures et les itinéraires touristiques nécessaires pour agrémenter et meubler leur séjour dans la ville. Or, quel programme peut offrir El Bahia à son visiteur avec des salles de cinéma fermées, des sites et des vestiges patrimoniaux en attente de réhabilitation, un quartier historique inexistant, une vie culturelle en dents de scie ?Ce qui est valable pour Oran l'est tout aussi pour les autres villes du pays, y compris la capitale, Alger, qui est encore moins lotie qu'Oran. Les villes algériennes sont bien loin de mériter le titre de métropole moderne, avec toutes ces structures d'accueil et équipements qui permettraient tant à leurs habitants qu'aux visiteurs d'y vivre de s'y mouvoir dans les meilleurs conditions, et ce cachet identitaire qui en ferait une destination touristique. Des sites à visiter, quelques hôtels acceptables, de rares restaurants, un théâtre et deux ou trois cinémas plus ou moins opérationnels… voilà à quoi se résument les atouts de nos villes qui, dans leur écrasante majorité, deviennent, dès le soir tombé, des villes mortes, sans aucune vie ni activité nocturne. Pourtant, spectacles, discothèques, concerts sont courus par le visiteur, qu'il soit touriste ou businessman, d'une ville. La vie nocturne figure d'ailleurs en bonne place dans toutes les brochures, dépliants et guides touristiques qui présentent une ville.Plus de 4 000 visiteurs venant de 62 pays, auxquels s'ajoutent quelques 400 journalistes de 200 organes d'information nationaux et étrangers qui se retrouvent dans une ville. N'est-ce pas là autant d'ambassadeurs et une opportunité pour faire connaître cette ville, et par conséquent le pays, à travers le monde ? N'était-ce pas là l'occasion pour Oran de mériter tous ces titres ? Assurément oui, si on avait travaillé dans ce sens, pas à court terme, pour l'organisation d'une manifestation, mais aussi à long terme pour l'organisation de la ville, de toutes les villes. H. G.