Les quotas de production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) étaient respectés à hauteur de 80% fin 2009. Aujourd'hui, cette proportion a beaucoup diminué, se situant autour de 53%. C'est un recul dans la discipline que l'organisation observait. C'est pourquoi, le Koweït, un des pays membres les plus influents au sein de l'OPEP, a exhorté jeudi dernier l'organisation à une «meilleure discipline» de production, les quotas n'étant, selon lui, désormais respectés qu'à hauteur de 53%. A ce sujet, le ministre koweitien du Pétrole a eu cette phrase : «Je ne suis pas content du respect [des quotas], qui n'est plus que de 53%, il faudrait plus de discipline.» Et d'avancer cependant : «Il n'était pas nécessaire» de convoquer une réunion extraordinaire de l'OPEP. Cette dernière devrait se réunir en conférence ordinaire en octobre prochain. Il est fort probable qu'elle ne modifiera pas son volume de production, fixé officiellement à 24,84 millions de barils par jour. En conférence ordinaire, le 17 mars dernier, à Vienne, l'organisation pétrolière n'a pas jugé utile de revoir ses quotas de production. Elle pourrait cependant intervenir pour réviser son plafond de production si les prix du brut dépassaient les 100 dollars le baril. Aujourd'hui, nous en sommes relativement loin. Le cours actuel du pétrole est très équitable, a dit le responsable koweitien. Un prix «de 75 à 90 dollars [le baril] est raisonnable» aussi bien pour les consommateurs que pour les producteurs, a-t-il ajouté. Les cours du brut se sont repris depuis quelques mois, dans le sillage de l'amélioration de l'économie mondiale. Les prix du pétrole ont fini en baisse limitée mercredi dernier, par exemple, à New York, dans un marché qui a tenté de résister à une forte progression des stocks aux Etats-Unis à la faveur de perspectives optimistes pour la demande future. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en juin, pour son premier jour en tant que contrat de référence, a ainsi terminé à 83,68 dollars, en recul de 17 cents par rapport à la clôture de mardi dernier. L'OPEP maintient sa prévision de demande de brut pour 2010 mais reste prudente sur le rythme de cette reprise économique dans son rapport mensuel d'avril publié mercredi dernier à Vienne. On peut y lire notamment : «En 2010, la consommation mondiale de brut devrait augmenter de 0,9 million de barils par jour [mbj], conformément à nos précédentes prévisions. Mais, les activités économiques aux Etats-Unis restent le point d'interrogation pour la croissance de la demande mondiale. En termes de pourcentage par rapport à 2009, la demande de brut devrait ainsi augmenter de 1,06% cette année, soit 0,9 mbj de plus, pour atteindre une demande totale de 85,21 mbj dans le monde». Lors du précédent rapport en mars, l'OPEP tablait sur une hausse de 0,88 mbj à 85,24 mbj pour 2010. L'Agence internationale de l'énergie (AIE), dont le siège est à Paris, a, de son côté, chiffré la hausse de la demande mondiale de brut à 2% en 2010, comparé à 2009. Selon l'OPEP, l'ensemble de la hausse de la demande de pétrole cette année viendra de la région des pays non membres de l'OCDE, l'Asie en tête. Et, d'une manière générale, les secteurs les plus demandeurs seront ceux des transports et des industries pétrochimiques. Le rapport a bien noté des signes d'optimisme venus des Etats-Unis avec notamment une certaine reprise de l'emploi, mais a souligné que l'activité économique mondiale venait surtout «des pays émergents, en particulier la Chine», qui devrait compter pour environ un tiers de la croissance économique dans le monde cette année. La combinaison de ces développements a, selon le document de l'organisation pétrolière, contribué à une «certaine stabilité» des prix du baril depuis le début de l'année, fluctuant autour des 72 à 82 dollars, avec un pic, le 6 avril, à 86 dollars. Mais, en plus de l'impression positive venant de l'évolution de l'économie, l'appréciation du dollar par rapport à l'euro a également contribué à cette hausse du prix du baril, y est-il souligné. L'OPEP demeure un acteur influent sur les marchés, elle fournit quarante pour cent du brut mondial. Y. S.