Le président soudanais Omar El Béchir a été reconduit au pouvoir sans surprise lors des premières élections multipartites en près d'un quart de siècle au Soudan. Les élections ont été saluées dans l'ensemble à travers le monde malgré quelques réticences, à l'image de la Chine qui félicite El Béchir et la France qui «prend acte». Cependant, après ces élections très attendues, le Soudan voit se profiler l'échéance du référendum qui déterminera l'avenir de la partie sud du pays. Cette dernière déchirée pendant de longues années par la guerre sera au centre de toutes les attentions dans les mois à venir. Le risque de la division du plus grand pays d'Afrique est une option envisageable. Conscient du péril, le président réélu dira devant ses partisans du Parti du congrès national (NCP) à Khartoum : «Notre prochain combat sera pour l'unité du Soudan.» El Béchir s'engagera à organiser à la date prévue (janvier 2011) le référendum sur l'avenir du Sud-Soudan. Après l'étape électorale, les Sud-Soudanais ont maintenant les yeux rivés sur le rendez-vous crucial. Le processus étant prévu dans l'accord de paix global qui a mis fin en 2005 à 22 ans de guerre civile causant deux millions de morts et quatre millions de déplacés. Le président Omar El Béchir, malgré un score national de 68% à la présidentielle, a récolté moins de 10% des voix au Sud-Soudan. Dans cette région, c'est une autre personnalité qui se trouve au centre des intérêts : Yasser Arman, candidat des ex-rebelles sudistes du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM). Ce dernier s'était retiré de la course aux dernières élections. Pour Béchir, l'objectif premier est de convaincre les sudistes de choisir l'unité. L'idée d'une autonomie au Sud-Soudan est dans l'air pour éviter la scission du pays. Une commission référendaire nationale a été promise pour encadrer le scrutin. L'inscription des électeurs du Sud-Soudan et des sudistes vivant au Nord doit commencer dans les prochains mois. La pression est déjà montée d'un cran. Le référendum est considéré par certains opposants au régime de Khartoum comme une étape «sur le chemin de l'indépendance». Un report éventuel du référendum risque de pousser les ultras du Sud à une «déclaration unilatérale d'indépendance» avec les conséquences inévitables sur le plan régional et international. M. B.