Au moins 16 personnes sont mortes et 141 autres ont été blessées à Bangkok, dans les violents affrontements qui opposent les forces de sécurité et les manifestants antigouvernementaux depuis jeudi dernier, portant ainsi le bilan à une cinquantaine de morts et un millier de blessés depuis la mi-mars. Les militaires qui tentent de déloger les «chemises rouges» de certains quartiers de la capitale thaïlandaise, Bangkok, ont tiré sur la foule qui ne voulait pas évacuer les lieux. Parmi les blessés figurent trois étrangers, un Polonais, un Birman et un caméraman canadien de la chaîne de télévision France 24, ainsi qu'un photographe du quotidien thaïlandais Matichon et un caméraman de la chaîne câblée thaïlandaise Voice-TV. Devant la gravité de la situation qui risque de dégénérer en «guerre civile», le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé à la fin des violences, affirmant suivre «avec une préoccupation croissante la rapide montée des tensions et de la violence». Les représentants des «chemises rouges» ont accusé vendredi dernier le Premier ministre Abhisit Vejjajiva d'avoir lancé «la guerre civile» et ont exigé le retrait des troupes autour du quartier qu'ils contrôlent. Un couvre-feu avait été instauré depuis un mois et il a été élargi à dix-sept autres provinces du pays mais il n'a pas été respecté par les partisans de l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, renversé en 2006 après avoir été soupçonné de fomenter un putsch contre la monarchie. Si les autorités thaïlandaises ne voient pas encore la nécessité de décréter la loi martiale, les forces armées affirment préparer un plan pour déloger les manifestants «rouges» des principaux quartiers touristiques de Bangkok. La semaine dernière, le Premier ministre Abhisit Vejjajiva a proposé une feuille de route comprenant la dissolution de la chambre basse du Parlement en septembre et la tenue de législatives anticipées le 14 novembre prochain. Les partis de l'opposition et les «rouges» avaient manifesté leur satisfaction. Toutefois, les manifestants antigouvernementaux n'ont pas décampé de Bangkok, car ils continuent à réclamer l'inculpation du vice-Premier ministre Suthep Thaugsuban qui a été désigné comme responsable des violences du 10 avril dernier durant lesquelles 26 personnes ont été tuées et 800 autres blessées. L. M.