Retournement de situation sur les marchés pétroliers. En cause, l'incertitude économique pesant sur le Vieux Continent, une des conséquences de la crise en Grèce. L'élan de la reprise des prix enregistré ces derniers mois semble en avoir ainsi pris un coup. En valeur, les cours du brut ont perdu dix dollars en moins d'une semaine. Hier, par exemple, dans les échanges électroniques en Asie, ils sont tombés sous les 70 dollars avant de se reprendre. Dans les échanges matinaux, le baril de «light sweet crude» pour livraison en juin cédait 1,18 dollar à 70,43 dollar tandis que le brent de la mer du Nord, à échéance identique, reculait de 1,43 dollar cents à 76,50 dollars. Vendredi dernier, ils ont chuté à leurs plus bas niveaux depuis trois mois, le baril de référence lâchant 3,75% dans un marché accablé par les inquiétudes sur l'économie de la zone euro, le renforcement du dollar et des réserves abondantes. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en juin a terminé à 71,61 dollars, en repli de 2,79 dollars par rapport à la veille. L'euro se déprécie face au dollar, la monnaie dans laquelle sont libellées les exportations pétrolières. Et cela n'est pas sans effets sur les marchés pétroliers mais aussi boursiers. Autre facteur baissier, les stocks toujours élevés aux Etats-Unis. Mercredi dernier, le département américain a annoncé une nouvelle augmentation des stocks de brut de 1,9 million de barils et surtout un chiffre record pour les réserves du terminal de Cushing dans l'Oklahoma, le plus important terminal pétrolier aux Etats-Unis. A 37 millions de barils, ces réserves s'approchent de la capacité maximale du terminal qui sert de point de livraison aux contrats pétroliers du Nymex. Résultat : faute de trouver un emplacement pour stocker leur pétrole pour livraison en juin, l'échéance la plus proche, les investisseurs le bradent pour s'en débarrasser. Cette situation inhabituelle a fait passer au second plan l'annonce d'un recul marqué et surprise de 2,8 millions de barils des réserves d'essence aux Etats-Unis. Une annonce qui, selon les analystes, aurait dû soutenir les cours. Cette fluctuation erratique des marchés, l'OPEP va l'intégrer dans ses données et en faire des éléments d'analyse, avant la conférence ordinaire prévue à l'automne prochain. Alors que les experts, ceux de l'OPEP compris, tablaient sur une reprise de l'économie mondiale, fut-elle molle, voilà que se fait jour une crise financière, circonscrite, celle-là, pour l'instant en Europe. Les Grecs en rajoutent. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole avait affirmé il y a quelques jours qu'une conférence ministérielle extraordinaire serait inutile, les prix du pétrole se reprenant. Cette position pourrait s'avérer cependant amorphe. Y. S.