Synthèse de Amel Bouakba Le tabagisme passif fait autant de ravages que le tabagisme actif. Ses effets dévastateurs ne sont plus à démontrer. Beaucoup de personnes disent que la fumée des autres les dérange, mais connaissent- elles vraiment les menaces liées au tabagisme passif pour l'adulte, l'enfant et la femme enceinte. La cigarette est la source la plus dangereuse de pollution de l'air domestique. La fumée du tabac contient plus de 4 000 substances chimiques, dont plus de 60 cancérogènes. Extrêmement nocive pour le fumeur, elle n'est pas sans risque pour son entourage : maladies cardio-vasculaires, troubles respiratoires, risque de cancers… Une étude a montré que la nicotine inhalée passivement par l'enfant dont les parents fument engendre des lésions précoces de déchaussement. D'autres études ont montré que le tabagisme passif entraîne une augmentation du taux de caries chez les enfants exposés. En Algérie, les fumeurs font fi des lois portant interdiction de fumer dans les lieux publics. On peut fumer partout et enfumer les autres, sans le moindre complexe. Idem sur les lieux de travail. En Algérie, comme un peu partout dans le monde, rien ne semble arrêter la progression mortelle du tabagisme. Notre pays n'est pas épargné par ce fléau qui touche de plus en plus de femmes et de jeunes. Plus qu'un phénomène de mode, le tabac est devenu un phénomène médico-socio-économique d'ampleur mondiale. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime à 1,1 milliard la prévalence du tabagisme dans le monde, soit un tiers de la population âgée de plus de 15 ans. La nocivité de la consommation de cigarettes et de toutes les formes possibles de tabac a été clairement établie depuis le début des années 50. Le tabac touche une très large variété d'organes et entraîne des pathologies sévères pour lesquelles le pronostic est très souvent réservé. Plusieurs types de cancers sont étroitement liés au tabagisme. Ils sont le fait de l'action conjuguée de substances irritantes comme les phénols ou les oxydes d'azote, et des cancérogènes, telles les amines aromatiques polycycliques. Il existe une corrélation entre la durée du tabagisme, la quantité de tabac fumé et la survenue de cancers. Il a été mis en évidence des cofacteurs s'ajoutant au risque engendré par la consommation de tabac qui sont l'exposition à l'amiante, à certains polluants industriels, aux amines aromatiques et à des substances radioactives (telles que le radon que l'on retrouve dans certaines mines ou dans les roches granitiques…). La célébration de la Journée mondiale antitabac, qui coïncide avec le 31 mai de chaque année, est l'occasion de mettre le doigt sur les dangers du tabac pour la santé, un mal qui provoque actuellement la mort d'un adulte sur dix dans le monde. C'est aussi la deuxième cause de décès au niveau de la planète. L'organisation onusienne a choisi cette année pour thème «tabac et appartenance sexuelle : la question du marketing auprès des femmes». L'OMS profitera de cette journée pour mettre en lumière les effets nocifs du marketing du tabac et du tabagisme auprès des femmes et des jeunes filles. L'OMS, qui indique que «toute stratégie globale de lutte antitabac, pour être complète, doit englober la lutte contre l'épidémie de tabagisme qui sévit parmi les femmes», souligne que «les quelque 170 pays parties prenantes de la convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac doivent interdire toute publicité en faveur du tabac, toute promotion et tout parrainage, dans le respect de leur Constitution et de leurs principes constitutionnels». On compte, dans le monde, plus d'un milliard de fumeurs, dont 20% environ sont des femmes, mais ce chiffre va augmenter considérablement. Le nombre de fumeurs masculins a atteint un pic alors que celui des fumeuses est en forte croissance. Les femmes constituent une cible de choix pour l'industrie du tabac, qui doit recruter de nouveaux consommateurs pour remplacer près de la moitié des consommateurs actuels, qui mourront prématurément de maladies liées au tabagisme. L'augmentation de la prévalence du tabagisme parmi les jeunes filles est particulièrement préoccupante. Le nouveau rapport de l'OMS intitulé «Les femmes et la santé» montre que la publicité en faveur du tabac cible de plus en plus les jeunes filles. Il ressort de données de 151 pays qu'environ 7% des adolescentes, contre 12% des adolescents, fument des cigarettes. La Journée mondiale sans tabac 2010 permettra de prendre enfin acte de l'importance de la lutte contre l'épidémie de tabagisme chez les femmes. Comme l'a écrit le directeur général de l'OMS, le Dr Margaret Chan, «protéger et promouvoir la santé des femmes est essentiel à la santé et au développement, pour les citoyens d'aujourd'hui comme pour ceux des générations futures». La consommation de tabac pourrait faire un milliard de morts au cours du XXIe siècle. «Si l'on admet qu'il est important de réduire la consommation de tabac chez les femmes et si l'on prend les mesures appropriées à cet égard, de nombreuses vies pourront être sauvées», est-il noté.