Photo : A. Lemili L'arrivée de la saison estivale annoncera bien des événements. L'été demeure la période propice à l'organisation des fêtes familiales, toutes natures confondues, mais elle est aussi et d'abord celle où chacun pense à ses vacances, aux moyens de s'évader dans les meilleures conditions. Toutefois, nos compatriotes ne sont pas tous logés à la même enseigne et il arrive malheureusement qu'une bonne partie d'entre eux n'en profite pas et ceux qui n'y arrivent pas essayent autant que faire se peut de s'inventer des substituts. Ainsi, pour les jeunes et plus particulièrement les enfants qui n'ont pas la possibilité d'aller à la plage, il restera sans doute les piscines quoi que même les bassins ne soient pas disponibles et, si tant est qu'ils le soient, y accéder n'est pas à la portée de toutes les bourses, d'une part, et se baigner dans de bonnes conditions n'est pas évident, d'autre part, en raison de l'affluence mais également de la qualité douteuse d'une eau rarement régénérée, les propriétaires ou gérants de bassin étant peu regardants sur la question d'autant plus qu'en l'absence de contrôle officiel et de répression, ils ne courent pas de grands risques. Le palliatif donc pour un grand nombre d'adolescents, voire de jeunes, est de recourir à ce que la providence fournit quasi régulièrement : des bassins conjoncturels où sont, entre-temps, collectées les eaux de pluie notamment dans les régions où la nature n'a pas été parcimonieuse. Et comme elle peut être capricieuse, il arrive, qu'anticipant sur les périodes, des journées de printemps se caractérisent par une montée des températures exceptionnelle face à laquelle les enfants trouvent une solution rapide et qui présente néanmoins tous les risques possibles : les retenues collinaires, étangs et mares ponctuelles avant leur assèchement. Ces «oasis» providentielles, situées souvent à la périphérie de la ville, ont commencé à drainer à partir du début du mois les jeunes, dont certains épargnés par les examens de fin d'année et d'autres n'hésitant pas tout bonnement à sécher les cours. Ils ne sont d'ailleurs repérables par un badaud non averti ou un adepte des randonnées champêtres qu'à l'écho que renvoient leurs cris ou, à mesure que l'on se rapproche de leur «havre», des ébats bruyants dans une eau compacte à force de remontée de boue ou encore un «plouf», onomatopée d'un plongeon des plus osés compte tenu de la profondeur relative du «bassin». L'exposition de ces enfants est d'autant plus réelle du fait de leur isolement de toute présence humaine rassurante et dans la foulée ils peuvent constituer des victimes potentielles de rôdeurs, aux mœurs assez souvent tendancieuses et qui, dans des situations extrêmes, peuvent assez facilement basculer dans la violence. C'est forcément aux parents que peuvent être faits les griefs en ce sens. Lucide, un élu de la commune du Khroub avec lequel nous avons évoqué le sujet a déclaré : «Personnellement, à chaque fois que vient l'été, j'ai toutes sortes d'appréhensions. Les habitants, et ce n'est pas le propre de notre commune, ont droit légitimement à un cadre de vie normalisé, adapté à la saison. Je ne m'étendrai pas sur les problèmes foisonnant auxquels est confrontée la population. Mais, s'agissant uniquement du volet que vous évoquez, l'absence de bassin et plus particulièrement public est dramatique, se reposer sur l'initiative du privé n'est qu'un leurre qui ne profite qu'aux enfants dont les familles sont aisées. Même l'opération «plan bleu» (excursions programmées vers les plages au profit des enfants de familles démunies) est dépouillée de son objectif. Notre interlocuteur précisant que, s'agissant des drames qui endeuillent certaines familles au début et/ou au cours des étés, «c'est un raccourci superbe notamment pour quelques journaux d'imputer ces tragédies aux différents responsables à hauteur de l'administration locale. Nul ne peut ignorer que ni les services de la commune, ni ceux de la daïra ou de la wilaya n'ont pour vocation de surveiller les grands espaces et encore moins disposeraient des moyens idoines pour cela, exception faite pour les organismes spécialisés tels que les DSA, la Sonelgaz et ses filiales, la Seaco, l'ONA mais dans un domaine tout à fait particulier et qui relève de leurs attributions. C'est à mon avis plutôt le rôle des parents». Quoi qu'il en soit, l'idée est, bien entendu, de croiser les doigts pour qu'il ne se passe rien dans un avenir proche, mais la réalité en a toujours autrement décidé. A. L.