L'Espagne, qui a charmé en triomphant à l'Euro 2008, veut tenter, avec la même formule de «beau jeu», de remporter sa première Coupe du monde en Afrique du Sud.Le sélectionneur Vicente Del Bosque n'entend pas renoncer, même à l'autre bout du monde, à ce style offensif et séduisant, s'appuyant toujours sur une formidable génération de manieurs de ballon : Xavi, Iniesta, David Silva ou encore Fabregas. Interrogé il y a quelques jours sur le souvenir qu'il aimerait que les gens gardent de sa sélection, Del Bosque avait répondu : «Comme l'équipe qui a su conserver les valeurs du passé, celles qui nous ont permis d'être champions d'Europe en Autriche. De toutes les façons, si nous sommes capables de gagner le Mondial, il sera difficile de dire que nous n'avons pas bien joué.» Depuis sa prise de fonction en juillet 2008, Del Bosque marche sur les pas de son prédécesseur Luis Aragones, créateur du label «beau jeu» de l'Espagne. Le jeu de la «Roja» est toujours un délice pour les yeux et très souvent un supplice pour l'adversaire. Certains joueurs de l'équipe de France, surclassée (2-0) en mars dernier à Paris, l'avaient mal vécu. Et pour le «sage» Aragones, cette équipe est en mesure d'offrir à l'Espagne sa première Coupe du monde. «Avec cette victoire à l'Euro, nous avons ouvert la voie, ce groupe et nos joueurs peuvent gagner un Mondial», affirmait Aragones en juin 2008 après le succès à Vienne contre l'Allemagne (1-0). Ce vent d'optimisme souffle aussi parmi les supporteurs, qui espèrent que leur équipe se surpassera et effacera le terrible souvenir de l'élimination par la France de Zinedine Zidane en 8ème de finale du Mondial 2006 en Allemagne. Del Bosque et ses joueurs reconnaissent sans se cacher qu'ils comptent parmi les favoris du tournoi. Leur titre européen et leur impeccable parcours en qualifications -10 victoires en 10 matches- en imposent. Mais ils se souviennent aussi de la déconvenue face aux Etats-Unis lors de la Coupe des Confédérations en 2009 : défaite 2-0 en demi-finale, seul revers en 23 matches depuis l'Euro. «Beaucoup de gens pensent que ça va être une promenade de santé et évidemment c'est faux, prévient Del Bosque. Cette idée ne correspond pas à la réalité d'un Mondial. Sous-estimer l'adversaire est la pire des choses qu'un sportif puisse faire. Nous devons respecter tout le monde, du début à la fin.»L'Espagne se méfiera donc évidemment de ses trois premiers adversaires, plutôt modestes sur le papier, dans le groupe H : la Suisse, le Honduras et le Chili. Avant de, peut-être, retrouver un poids lourd en 8ème de finale : Brésil, Portugal ou Côte d'Ivoire. Mais Del Bosque préférerait retrouver la «Seleçao» bien plus loin : «J'ai un rêve, jouer la finale contre le Brésil.»