La Corée du Sud, confortée par la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton en visite à Séoul, a répété qu'elle entendait sanctionner la Corée du Nord, accusée d'avoir coulé un de ses navires de guerre, alors que Pyongyang a décidé de rompre ses relations bilatérales. Pour ajouter à une tension déjà très vive, la Corée du Nord a menacé de bloquer l'accès à un complexe industriel transfrontalier si Séoul reprend la diffusion de sa propagande. Cette nouvelle crise entre les deux frères ennemis, séparés depuis la fin de la guerre de Corée (1950-53), a été déclenchée par la publication, la semaine dernière, des résultats d'une enquête internationale établissant que la corvette Cheonan a été coulée le 26 mars par une torpille nord-coréenne. La Corée du Sud promet de «faire payer» à Pyongyang «le prix» du naufrage, en demandant de nouvelles sanctions à l'ONU et en suspendant les échanges commerciaux avec son voisin. La fermeture aux navires marchands nord-coréens des couloirs de navigation du Sud devient effective. Le Nord, qui nie toute implication dans le naufrage, répond vigoureusement en décidant de rompre ses relations avec la Corée du Sud qu'elle a menacée d'une «guerre totale» en cas de nouvelles sanctions. Pyongyang a également annoncé avoir coupé toutes les communications clés avec le Sud. C'est l'escalade. Le ministère sud-coréen des Transports donne instruction aux compagnies sud-coréennes d'éviter l'espace aérien nord-coréen. La crise aiguë dans la péninsule coréenne met la Chine face à un dilemme. Pékin semble hésiter à user de son influence de manière coercitive de crainte d'entraîner l'effondrement de l'Etat nord-coréen, qui serait encore plus déstabilisant pour les intérêts chinois. Premier partenaire commercial et fournisseur d'aide de la Corée du Nord, la Chine maintient sous perfusion ce pays, l'un des plus isolés, politiquement, de la planète. Pékin a reçu il y a un mois l'ombrageux Kim Jong-il et est le seul grand pays à parler à ce régime en crise permanente avec l'Occident. Pour certains experts, Pékin a la hantise de l'écroulement de son voisin nord-coréen. Une éventualité qui pourrait provoquer sur son territoire un afflux de réfugiés et, par ricochet, l'envoi de troupes américaines non loin de ses frontières. R. I.