Le Lesotho espérait voir les stars de football de près et s'enrichir avec la Coupe du monde 2010 qui s'ouvrira vendredi prochain, mais comme pour tous les pays frontaliers de l'Afrique du Sud, le rêve s'est brisé. Dans la banlieue de Maseru, capitale de ce petit royaume montagneux, les joueurs des Lesotho Stars et des Naughty Boys FC s'échauffent avant leur match. Certains n'ont qu'une seule chaussure, d'autres jouent pieds nus et l'un d'eux n'est vêtu que d'un slip en guise de short et d'un polo. La plupart se contenteront de regarder les matches du Mondial à la télévision, même si la ville hôte de Bloemfontein (centre de l'Afrique du Sud) n'est qu'à deux heures de route. Le Cameroun, la France, le Nigeria, la Grèce et surtout l'Afrique du Sud s'y sont donné rendez-vous d'ici au 11 juillet. «Quand on n'a rien, on ne peut pas aller voir ces équipes», se lamente le remplaçant Thabo Mokuku, qui attendait du Mondial un afflux de touristes et le développement du football dans son pays. La majorité des habitants du continent connaissent la même déception. Pour cette «Coupe du monde africaine», la première organisée dans cette région du globe, seuls 40 000 billets ont été vendus à des Africains sur un total de 230 000 attribués aux étrangers. Le ministre sud-africain du Tourisme, Marthinus van Schalkwyk, s'en est pris à la Fédération internationale de football (FIFA) qui a, selon lui, vendu les billets trop cher sur Internet, un moyen inadapté à l'Afrique. D'autres font valoir qu'il n'a jamais été dans les intentions des organisateurs sud-africains, qui ont contribué à déterminer les prix, d'attirer un large éventail de supporteurs du continent. L'Afrique australe espérait que les étrangers combineraient leur voyage en Afrique du Sud avec des excursions dans la région. Mais la crise économique mondiale est passée par là et le nombre de visiteurs attendu, d'abord 450 000, a chuté à 300 000. La haute saison en Namibie et au Botswana voisin, durant l'hiver austral de juin à août, pourrait même être moins rentable que les années précédentes, estime l'économiste Robin Sherbourne de la banque Old Mutual Namibia. «Il y a un risque que les touristes, découragés par les prix trop élevés, les vols et les hôtels complets, se tournent vers d'autres destinations meilleur marché», note-t-il. Aucune des 32 équipes participant au Mondial n'a choisi de s'entraîner hors d'Afrique du Sud malgré les efforts du Lesotho, du Mozambique et du Zimbabwe pour tenter de les attirer. Harare a réussi à faire venir le Brésil pour un match amical, déboursant 1,8 million de dollars (1,5 million d'euros). Tsebo Matsasa, un petit entrepreneur du Lesotho, estime que les organisateurs du Mondial auraient dû faire plus pour promouvoir les autres pays de la région. «J'ai lu que, pendant la Coupe du monde en France, quand on achetait un billet, on recevait des informations sur les activités possibles sur place», explique M. Matsasa, pour qui le même concept aurait pu être appliqué en Afrique australe. Ce patron, qui a ouvert un hôtel l'année dernière, reste malgré tout optimiste sur les retombées du Mondial. «Des gens vont venir pour la première fois à la pointe sud du continent et s'apercevoir qu'il y a un pays enclavé en Afrique du Sud. Alors si on peut mener une campagne de publicité sur le Lesotho pour l'après-Coupe du monde, rien n'est perdu !» estime-t-il.