Depuis le début de la Coupe du monde, joueurs, coachs, commentateurs, journalistes, téléspectateurs se plaignent des vuvuzelas, ces trompettes en plastique qui font partie de la panoplie du supporter sud-africain, comme les cornes de brume, les trompettes et les tambours font partie de l'attirail des supporters occidentaux. On leur reproche d'être bruyantes ! Rien que ça. Comme si ailleurs, chez ces anti-vuvuzela, les supporters utilisaient des flûtes traversières pour encourager leurs équipes… Les vuvuzelas sont, certes, bruyantes et lorsque des milliers de supporters soufflent dedans, on se croirait dans une ruche d'abeilles bourdonnantes. Mais même si le son de ces trompettes exaspère certains, les vuvuzelas font partie de l'histoire et de la culture de ce pays. La FIFA avait d'ailleurs pris la défense de ces trompettes pendant la Coupe des confédérations, disputée en juin 2009 en Afrique du Sud.Mais voilà que le débat sur les vuvuzelas est relancé. Interrogé sur une éventuelle interdiction de ces trompettes, le chef du Comité local d'organisation (LOC) du Mondial 2010, Danny Jordaan, avait déclaré, dimanche dernier à la BBC, y «réfléchir». «Si un pays en lice se plaint, nous agirons. Nous avons aussi entendu les télévisions et les spectateurs, et c'est quelque chose à quoi nous réfléchissons», avait-il dit. A titre personnel, M. Jordaan a exprimé des réserves : «Je préférerais qu'on chante Shosholoza [chant traditionnel sud-africain], et d'autres chansons, ça créerait une ambiance formidable dans le stade […]. On essaie de les encourager à chanter. A l'époque de la lutte [contre l'apartheid], on chantait simplement. Pendant toute notre histoire, nous avons chanté», a-t-il rappelé. Il n'en fallait pas plus à tous les anti-vuvuzelas pour prendre le raccourci et parler d'interdiction. Mais le LOC n'a pas tardé à réagir pour mettre les points sur les i en attestant que les vuvuzelas ne seraient pas interdites, sauf pour des motifs de sécurité. «Les vuvuzelas sont un phénomène culturel lié à notre pays et au football», a déclaré le porte-parole du LOC, Rich Mkhondo, cité par l'agence de presse Sapa. «Notre directeur Danny Jordaan n'a jamais dit qu'elles pourraient être interdites […]. Pour clarifier ce que Jordaan a dit : si les vuvuzelas sont utilisées pour attaquer ou blesser d'autres supporteurs, ou jetées sur le terrain pendant un match, nous réfléchirons aux moyens d'empêcher les gens de les emporter avec eux au stade», a expliqué M. Mkhondo. «Sinon, les vuvuzelas sont là pour de bon. Elles ne seront jamais interdites, nous demandons juste aux gens d'en faire un usage raisonnable», a-t-il affirmé. Les Sud-Africains ne sont pas les seuls à défendre leurs vuvuzelas. Cette levée de boucliers contre ces trompettes n'est pas du goût de tous. Le journaliste Bruno Roger-Petit le dit clairement sur le site le Post : «Depuis le début, les Européens présents dans les stades et devant leurs écrans de télévision se plaignent des vuvuzelas. Ça fait du bruit, ça n'est pas agréable, ça nuit au jeu, ça fait mal aux oreilles, ça rend sourd, ça n'a rien à faire dans un stade de foot. Bref, c'est le grand retour de Tintin au Congo, le charme suranné en moins.Ce concert anti-vuvuzela est-il un vieux reste de réflexe colonialiste européen ? Lorsque j'écoute les confrères commentateurs, toutes chaînes confondues, je suis un peu gêné par la tonalité du discours qui laisse parfois sous-entendre qu'ils sont bien gentils, ces Sud-Africains avec leur vuvuzelas, mais que bon, quand même, ils pourraient faire un effort pour se mettre au diapason de notre belle culture sportive européenne… On imagine déjà Elisabeth Levy ou Eric Zemmour poussant des hauts cris, si lors du prochain Euro disputé en France, des supporters africains venus participer à l'événement se sentaient obligés de dire que les cornes de brume… ça le fait moyen et que ça les dérange… […]. Cette affaire n'a l'air de rien, mais comment ne pas y voir que, dès qu'il s'agit de l'Afrique, les vieux réflexes ont la vie dure. Ce que c'est que l'inconscient collectif tout de même…» H. G.