«Nous sommes conscients de beaucoup de choses et nous savons également que le niveau affiché au cours de cette rencontre fut approximatif, mais j'estime que le plus difficile reste à faire face aux Anglais et aux Américains. Nous n'avons pas été ridicules contre la Slovénie, nous avons manqué de jus et de chance, nous allons apporter des changements au niveau de l'attaque lors du prochain match face à l'Angleterre, c'est ce qui compte le plus. En outre, la sortie de Ghezzal ne nous fut pas favorable. Suite à cette ouverture du score, nous avons concédé beaucoup d'espaces aux Slovènes qui nous ont obligés à nous dépenser plus qu'il ne faut. Nous nous sommes fatigués en courant derrière la balle.» Maintenant que le coach s'est rendu compte des failles et des carences de son équipe, il faut qu'il lance le jeune Ryadh Boudebouz pour réguler le système offensif de l'équipe. Le joueur du FC Sochaux a été ignoré pour le match de la Slovénie, et pour une mi-temps face aux Emirat Arabes Unis. Pourtant, c'est un élément très véloce, balle au pied, et qui crée le danger en allant vers le couloir et même vers l'axe. On ne comprend pas pourquoi Saadane et son adjoint Zoheir Djelloul raisonnent de la sorte en se privant du meilleur milieu de débordement. Face aux Anglais, on aimerait bien que le coach nous surprenne (dans le bon sens !) et change le visage de l'équipe en alignant de nouveaux joueurs, comme par exemple un Djamel Abdoun qui a les qualités d'attaquant de profondeur pour pouvoir décharger Ziani. Pourquoi ne pas jouer aussi la carte offensive avec ces deux éléments ? La question mérite d'être posée, car, au coup de sifflet final du match perdu face à l'équipe très modeste de la Slovénie, on a parlé un peu de tout sauf de football. L'essentiel : le jeu et les joueurs On a parlé d'enjeu, de stress, de but précoce, de vuvuzelas, de blessés, de péripéties d'un Slovénie-Algérie qui se disputait à des milliers de kilomètres d'Alger… On aurait presque parlé de pluie et de beau temps pour oublier l'essentiel : le jeu et les joueurs. Or, le jeu de cette équipe algérienne a été loin d'être parfait. La prestation de bon nombre de joueurs a été bien en deçà de l'attente du public, avec pour fil rouge un schéma tactique inapproprié et, en tout cas, servi par des joueurs qui se sont «dilués» dans des tâches peu familières. Mais procédons par ordre. Dans un match où l'on devait marquer, un seul attaquant de pointe a été aligné : Rafik Djebbour, dans un rôle d'avant-centre qu'il n'a pas beaucoup exercé. Avec un attaquant de pointe pour fixer la défense adverse et un Boudebouz en avant tournant, notre ligne offensive aurait été sûrement plus efficace. Dans cette optique, Ghezzal, perturbé, aurait été le soutien idéal à Djebbour, mais il était trop loin et trop occupé à des tâches que les demis pouvaient très bien effectuer, avec l'aide de Ziani dans son vrai poste. Pourquoi les Verts n'ont ils pas su rééditer le match face à l'Egypte à Blida ? Pour les connaisseurs, le milieu de terrain n'a pas bien carburé et nous avons perdu trop de balles en milieu de terrain. Des lacunes persistent et nous devons les corriger. Sinon, au risque de nous répéter, nous nous sommes mis la pression sur les épaules et nous n'avons pas su gérer par la suite les matchs, certainement parce que nous les avions sortis de leur cadre. Le match contre la Slovénie était important et il aurait fallu l'aborder avec beaucoup plus de sérénité. Les propos de Rabah Saadane n'expliquent pas tout. Le visage peu rassurant de ses protégés est également imputable aux choix tactiques, à celui des joueurs et à la préparation psychologique qui a précédé la rencontre. Un seul attaquant ? En jouant avec quatre milieux de terrain, un seul attaquant de pointe et surtout deux récupérateurs au début (trois en cours de rencontre), il est difficile d'afficher un visage autre que celui que nous avons vu. A la veille du match face à l'Angleterre, l'équipe algérienne va normalement jouer libérée. Elle n'a plus rien à perdre. Mais on doit se rendre compte de ce que représente le fait de vivre 24 heures sous tension. Ce stress incroyable peut être géré avec la détermination des joueurs de réaliser le résultat qu'ils n'ont pu assurer lors du dernier quart d'heure de cette malheureuse partie contre la Slovénie. Cela donne en fin de compte à la rencontre à livrer face aux Anglais toute son importance. Avec les résultats acquis face aux autres équipes lors des éliminatoires de la CAN-Mondial 2010, nous avions salué la naissance d'une nouvelle couvée qui a donné de véritables gages de sa valeur. Mais nous avions souligné qu'une performance n'en est qu'une que si on peut la rééditer plusieurs fois de suite. Or, l'équipe d'Algérie n'a réussi qu'en partie cette performance. Elle a bien sûr remporté des victoires. Elle s'est qualifiée pour le Mondial (et c'est l'essentiel). Mais, maintenant en phase finale, elle doit prouver et montrer ses capacités, chercher le résultat aussi. L'équipe, en dépit de quelques absences qui n'ont en rien influé sur le rendement global, a paru homogène et surtout compétitive. Moyennant encore quelques retouches, elle pourra devenir performante. Cela nous amène à dire que les choix ont été quelque peu bons, en dépit de quelques insuffisances qui pourront être surmontées, dans le cas où les joueurs seraient en mesure de jouer encore plus souvent ensemble. Une occasion pour se ressaisir Le prochain match à livrer face à Capello et sa bande est, certes, l'occasion de se ressaisir et montrer ses capacités mentales et physiques, à condition que tout le monde puisse répondre présent. Nous connaissons en effet les difficultés qu'éprouvent nos éléments à se libérer pour les rencontres importantes, mais une formation hybride ne donnerait aucun sens à ce test, qui devrait roder davantage les rouages d'une équipe en devenir. Face aux Slovènes qui se sont très bien battus, la formation algérienne a su plier sans rompre, lorsque, dépossédée du ballon par un adversaire mieux organisé et discipliné tactiquement sur le cuir, elle a pris le jeu à son compte. La défense, bien aidée par le repli des hommes du milieu et même par les ailiers, saura contenir les coéquipiers de Gerrard dans une zone où ils n'ont pu avoir les meilleures conditions pour trouver la touche finale. En effet, les Slovènes ont accaparé la balle durant un bon moment, juste après l'ouverture du score, mais le déploiement des algériens, même en infériorité numérique sur le terrain et la bonne couverture des zones dangereuses ont épargné des sueurs froides à Chaouchi Il n'en demeure pas moins que les nombreux ratages qui ont jalonné ce match donnent une idée précise de ce qui reste à faire pour le personnel d'encadrement. L'équipe, maintenant en grande partie constituée, motivée par les perspectives qui s'offrent à elle, sensibilisée par l'enjeu, a besoin de concentration devant les buts. C'est au métier des joueurs que l'on doit maintenant s'adresser. Ils doivent confirmer leur statut et offrir à leur équipe ce qui a fait d'eux des éléments choisis parmi tant d'autres. L'efficacité face aux buts reste donc à soigner et la touche finale n'étant pas encore un point fort, du travail reste à faire. Pour espérer aller plus loin, il faut absolument acquérir cette qualité, qui fait la différence entre une équipe qui peut et une équipe qui veut Y. B.