De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Le dispositif de contractualisation des soins dans les hôpitaux avec les mécanismes de sécurité sociale, qui entre dans le cadre de la réforme hospitalière, dont le texte d'application existe depuis 2004, est annoncé pour bientôt. Le niveau de préparation dans les infrastructures hospitalières pour la mise en œuvre dudit dispositif est l'objet d'appréhensions de la part des malades et des praticiens du secteur. D'abord, il y a lieu de noter que, lors des rencontres de sensibilisation organisées en 2006 par le secteur, il a été déclaré que ledit dispositif visait une meilleure maîtrise des dépenses, de même qu'il améliore la qualité des prestations de soins, d'où une plus grande efficacité dans le fonctionnement du système public de soins et des organismes de Sécurité sociale permettant une utilisation rationnelle et optimale des ressources. Un dispositif par lequel la gratuité des soins pour les citoyens dans les établissements de santé publique (ESP) sera préservée, avec des procédures de facturation des prestations médicales aux caisses de Sécurité sociale sera d'abord élaboré sur la base du coût de la journée d'hospitalisation pour aboutir à un mode de calcul par actes médicaux, pratiqués au niveau des EPH (établissement public hospitalier) et des EPSP (établissement public de santé de proximité) existant à travers la wilaya. Les responsables de la DSP nous ont indiqué qu'ils attendent les instructions du ministère pour mettre en application ce dispositif, affirmant que les différentes infrastructures de santé de la wilaya sont prêtes pour cette contractualisation des soins, ce qui suppose l'existence d'un important réseau informatique, la modernisation des bureaux d'entrée au niveau des hôpitaux et la mise en place d'un fichier national des assurés sociaux aux différentes caisses, incluant les personnes démunies. Cependant, certains médecins ne voient pas cela sous le même angle ; plusieurs problèmes enregistrés pourraient retarder la mise en place de ce système. Des médecins généralistes ont mis en avant l'ouverture de points de garde médicale au niveau des EPSP (établissement public de santé de proximité) de la région afin d'atténuer la pression sur les EPH. En effet, d'après une correspondance adressée par les médecins de la santé publique exerçant au niveau de l'EPH de Bouira aux autorités de la wilaya et aux responsables du secteur, la nécessité de l'ouverture de postes de garde se pose de manière accrue, du fait que l'EPH de Bouira qui comporte le seul point de garde dans le chef-lieu de la wilaya, reçoit près de 300 malades par jour, dont un grand nombre ne relève pas de cas d'urgence, mais qui sont pris en charge au niveau de l'EPH, juste pour venir en aide aux patients et compenser le manque de médecins de garde au niveau des centres de santé et des polycliniques. L'EPH fonctionne de jour comme de nuit avec son service des urgences et différents services d'hospitalisation (pédiatrie, maternité, médecine interne, chirurgie et autres) où exercent près de 20 médecins généralistes qui se trouvent souvent débordés par l'affluence des malades. En somme, on est loin de garantir «le droit à la santé [qui] constitue un des droits fondamentaux des citoyens». Dans leur correspondance les médecins poursuivent que, depuis 2009, l'EPSP de Bouira dispose de l'effectif suffisant en médecins généralistes, pour l'ouverture d'un point de garde, mais rien n'a été entrepris dans ce sens. Les plaignants ajoutent que les démarches qu'ils ont faites auprès de la wilaya et la direction de la santé sont restées lettre morte. Fait démenti par un responsable de la DSP de Bouira, qui a annoncé l'ouverture d'un point de garde doté de tous les moyens matériels et humains, à Bouira le 5 juillet prochain, dans le but de l'amélioration des prestations et de la qualité des soins aux malades de la région. Sur le même sujet, ce responsable a indiqué que les 300 médecins généralistes exerçant à travers les hôpitaux de la wilaya, n'assurent pas les 6 heures de garde par mois prévues par la réglementation. De plus l'ouverture de point de garde obéit à des normes rationnelles en matière de déploiement des ressources humaines et aussi à l'existence des équipements nécessaires pour le fonctionnement de tels établissements, notamment la nuit et les jours de congé. Sur un autre registre, les services de la DSP a indiqué par le passé que la wilaya de Bouira prévoit la réalisation de deux hôpitaux, dont un psychiatrique à Sour El Gozlane, sept polycliniques, 14 salles de soins, un centre intermédiaire pour toxicomanes, ainsi qu'une annexe de l'Institut Pasteur, sans parler des projets de réhabilitation d'anciens établissements de la santé. Toutefois, le manque d'entrepreneurs pour réaliser ce type d'infrastructures, risque de freiner les efforts consentis pour doter la wilaya d'une meilleure couverture sanitaire et de remettre en cause par la suite les objectifs tracés à travers le dispositif de contractualisation des soins.