à plus d'un titre, les relations algéro-chinoises sont «exemplaires». Cela va sans dire, mais cela vaut mieux en le disant. En réitérant ce constat à nos confrères de l'agence Xinhua, le président Abdelaziz Bouteflika a presque défoncé une porte ouverte. Dire de ces relations «fondées sur une amitié et une solidarité sans faille» qui remontent à la guerre d'indépendance algérienne, c'est exprimer en quelque sorte un lieu commun. Mais les relations entre l'Algérie et la Chine ne sont guère communes. Elles sont même exceptionnelles. Le chef de l'Etat algérien, qui se fait un point d'honneur d'assister à la cérémonie d'ouverture des jeux Olympiques à Pékin, qui seront sans doute grandioses, à la mesure de la dimension de la Chine populaire, y fêtera, dans le filigrane de la soie chinoise, les noces d'or des relations bilatérales. C'est que le couple algéro-chinois est né dans le feu de l'action d'émancipation des peuples… Peu après la création du GPRA, le Gouvernement provisoire de la révolution algérienne, en septembre 1958, Beijing le reconnut immédiatement et fut le premier pays hors du monde arabe à le reconnaître officiellement. Le 20 décembre de la même année, les deux gouvernements établissent des relations diplomatiques. Des années 60 aux années 2000, les visites de chefs d'Etat et de gouvernement, de ministres, de diplomates, de parlementaires, de dirigeants du FLN algérien et du PC chinois ainsi que d'experts militaires jalonneront les relations bilatérales, les visites augmentant en nombre, en fréquence et en qualité depuis l'avènement au pouvoir du président Abdelaziz Bouteflika. La reconnaissance fortement symbolique du GPRA par la Chine maoïste aura son pendant tout aussi symbolique avec le soutien actif et décisif de la diplomatie algérienne au recouvrement par la Chine de son statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. Solidarité normale pour une Algérie non alignée et révolutionnaire qui avait de la mémoire et de la reconnaissance pour une nation qui a envoyé en Algérie près de 3 000 médecins de ville et de campagne. Fidèle à cette ligne, l'Algérie de Houari Boumediene pèsera de tout son poids et du prestige de sa guerre de libération et de sa diplomatie pour appuyer l'amie Chine dans ses efforts de réunification. Depuis, les deux pays ont organisé leurs rapports bilatéraux : commissions mixtes, concertation permanente, échanges commerciaux en augmentation quasi exponentielle depuis les années 2000, visites d'Etat des présidents de la République respectifs. Points culminants du développement de la relation bilatérale, le président Abdelaziz Bouteflika, qui s'était rendu à pékin en 1971 en qualité de chef de la diplomatie algérienne, s'est rendu deux fois à Pékin en tant que chef d'Etat, et ses homologues Jiang Zemin et Hu Jintao sont venus à Alger depuis 1999. Désormais, c'est sous le signe de la densité et de la «coopération stratégique» qu'il faut apprécier les relations entre l'Algérie et la Chine. D'ailleurs, les deux pays ont signé à cet effet des accords ad hoc et ont densifié les échanges commerciaux. En 2007, le volume des échanges a atteint le chiffre record de 3,828 milliards de dollars, en augmentation astronomique de 696% par rapport à 2006, et en août 2008, les transactions globales ont culminé à 1 140 milliards de dollars ! Quelques indicateurs symbolisent, plus que tout, à l'échelle de l'économie comme de l'humain, la qualité des relations entre deux anciens pays révolutionnaires : une quarantaine d'entreprises chinoises sont installées en Algérie, notamment dans le secteur des infrastructures, du BTP et des hydrocarbures, l'armée chinoise coopère de manière régulière avec l'ANP et, fait rare pour être souligné, des étudiants algériens fréquentent actuellement les universités et les grandes écoles de la future hyper puissance chinoise. N. K.