Des talibans ont lancé hier une attaque à la voiture piégée et à la roquette sur une importante base militaire de l'OTAN à Jalalabad, dans l'est de l'Afghanistan, à quelques jours de l'arrivée du nouveau patron des forces internationales, le général David Petraeus. Les talibans ont fait usage d'une voiture piégée, de RPG (lance-roquettes, ndlr) et d'armes légères. L'attaque a commencé à l'aube et a duré plusieurs heures. L'assaut a été revendiqué par le porte-parole des talibans qui redoublent de ténacité dans un Afghanistan de plus en plus compliqué pour les forces étrangères. La base de Jalalabad dotée d'un aéroport militaire demeure l'une des plus importantes de l'OTAN dans le pays, après celles de Kandahar et de Bagram, à une soixantaine de km de Kaboul. Les deux points stratégiques ont tous deux été la cible d'attaques d'insurgés, parfois kamikazes, ces derniers mois, créant un sentiment de menace permanente. Le 22 mai, les talibans avaient attaqué la base de Kandahar, la plus importante du pays, tirant cinq roquettes et blessant plusieurs militaires de l'OTAN et des employés civils. Quelques jours auparavant, 30 à 40 talibans attaquaient Bagram, la deuxième du pays. Les talibans avaient promis en mai de lancer une série d'opérations visant les forces de l'OTAN et plus généralement les étrangers, en réponse à l'offensive en cours à Kandahar, considérée comme le fief des talibans. Depuis 2005 et la résurgence de l'insurrection menée par les talibans, chaque année établit un nouveau record de pertes pour les troupes étrangères, déployées en Afghanistan depuis fin 2001. Ce mois de juin a été particulièrement meurtrier avec, pour la première fois depuis la chute des talibans, 100 soldats tués. Ce niveau de violences est comparable à celui qu'ont connu les forces étrangères, notamment américaines, en Irak au pire de la guerre en 2007. La coalition affiche par ailleurs ses dissensions après le limogeage du général Stanley McChrystal, commandant des forces internationales en Afghanistan. Son successeur, le général américain David Petraeus, a cherché à rassurer sur le cours d'une guerre de plus en plus impopulaire, tout en admettant s'attendre à «de rudes combats» dans les prochains mois. Le militaire a également promis aux troupes de l'OTAN de revoir l'application des règles restreignant le recours au soutien aérien pour protéger les civils, mais risquées pour les soldats. Les forces étrangères en Afghanistan ont le plus grand mal à contrôler un pays à la nature difficile et dont la population autochtone est diverse. Chaque mois qui passe constitue une épreuve traumatisante pour les soldats des contingents engagés dans une «pacification» sans fin. R. I.