A l'aube, au moins trois hommes armés ont attaqué une banque non loin du centre de Kaboul, un assaut vite revendiqué par les taliban. A la veille d'une élection présidentielle sous haute tension, l'Afghanistan s'est réveillé hier avec une nouvelle attaque revendiquée par les taliban, un spectaculaire braquage de banque au coeur de Kaboul, dernier épisode d'une série de violences qui s'intensifie. Les attaques rebelles, qui se sont concentrées en particulier dans la capitale ces derniers jours, visent notamment à discréditer les forces afghanes et leurs alliés occidentaux, et effrayer les 17 millions d'électeurs pour favoriser l'abstention et discréditer le processus électoral. Les taliban ont même menacé d'attaquer les bureaux de vote, jeudi, qualifiant les élections présidentielle et provinciales d'«imposture orchestrée par les Etats-Unis». A l'aube, au moins trois hommes armés ont attaqué une banque non loin du centre de Kaboul, un assaut vite revendiqué par les taliban. Les forces afghanes sont arrivées peu après sur place, déclenchant une fusillade nourrie. «Nous avons tué trois des assaillants dans la banque», a annoncé, deux heures plus tard Sayed Abdul Ghafar Sayedzada, chef de la police criminelle de Kaboul. «Il s'agissait de taliban», a-t-il affirmé. Les forces de sécurité ont ensuite continué de fouiller le bâtiment à la recherche d'éventuels autres insurgés, a ajouté M.Sayedzada, alors que des ambulances et un important dispositif policier demeuraient sur place. Kaboul est quadrillée par les forces de sécurité à la veille des élections. Mardi, les rebelles avaient perpétré un deuxième attentat suicide en trois jours à Kaboul contre les militaires de l'Otan, chargés avec les forces afghanes de protéger les électeurs appelés à élire aujourd'hui leur président, pour la seconde fois de leur histoire, ainsi que leurs conseillers provinciaux A la mi-journée, un kamikaze avait fait exploser sa voiture piégée à proximité d'un convoi de ravitaillement de la force de l'Otan, près du centre de Kaboul, sur une artère très fréquentée souvent utilisée par les militaires étrangers. L'attentat avait tué au moins neuf civils afghans, dont deux employés de l'ONU, et un soldat de la force internationale de l'Otan en Afghanistan (Isaf), dont la nationalité n'a pas été révélée. Mardi toujours, des salves de roquettes s'étaient abattues sur Kaboul et Jalalabad, ne faisant aucun dégât dans la capitale mais blessant dix personnes dans la grande ville de l'est. A Kaboul, l'une des roquettes avait atterri dans l'enceinte du vaste complexe où se trouve le palais présidentiel. Un autre attentat suicide visant un poste militaire avait tué cinq personnes dans l'Oruzgan (sud), selon les autorités locales. Les taliban, chassés du pouvoir à la fin 2001 par les forces internationales, ont revendiqué à la fois l'attentat suicide, et les tirs de roquettes. Samedi, ils avaient déjà démontré leur capacité à frapper n'importe où en perpétrant un attentat à la voiture piégée devant le QG de l'Isaf à Kaboul, l'une des zones les plus sécurisées du pays, tuant sept civils afghans et blessant plus de 90 personnes. Le gouvernement afghan s'est malgré tout déclaré confiant dans la participation de la population aux élections, tout en appelant les médias à ne pas parler des violences aujourd'hui, pour ne pas effrayer les électeurs. Porté au pouvoir par la communauté internationale fin 2001, Hamid Karzaï, élu en 2004, reste le favori du scrutin présidentiel, devant son ancien ministre des Affaires étrangères, Abdullah Abdullah, qui pourrait selon certains analystes le contraindre à disputer un second tour. Toutes les forces de sécurité afghanes et étrangères (300.000 hommes au total) seront mobilisées autour des élections aujourd'hui. Selon la Commission électorale afghane, près de 12% des 7000 bureaux de vote pourraient rester fermés en raison de l'insécurité.