Nous serons 36,3 millions au 1er janvier de l'année prochaine, alors qu'au dernier recensement effectué au mois d'avril 2008, nous étions 34,8 d'individus. Ce qui signifie une hausse d'un million et demi en un peu plus de deux années. La tendance est à la progression dans les taux de nuptialité et de natalité, et si l'on prend en compte le taux de la population âgée de moins de 15 ans qui est de 28,2% et de l'espérance de vie qui est de 75,5 ans (74,7 ans pour les hommes et 76,3 ans pour les femmes), il est permis de penser que nous ne tarderons pas à connaître une explosion démographique. Il faut croire que le planning familial n'a plus la cote et que les nouveaux couples tablent sur un élargissement de leur famille. Quoi qu'il en soit, les chiffres sont là et rappellent aux pouvoirs publics la nécessité urgente de décongestionner les grandes villes, surtout la capitale qui étouffe sous le poids de ses 3 millions d'habitants. L'urgence est d'œuvrer à la réduction de la pression démographique exercée sur la bande du littoral où se concentre une population très inégalement répartie, occupant à peine 9% du territoire. La prédisposition est à l'évolution de ce phénomène, et si rien n'est fait, la ruralité ne sera qu'un souvenir. Le pays profond est en train d'être déserté par les habitants dont les aspirations sont ignorées et qui n'en peuvent plus de survivre dans des conditions plus que déplorables. La précarité et le chômage sont les principaux facteurs de l'exode qui n'est pas nouveau, mais qui tend à s'amplifier. Le terrorisme a accentué fortement les déplacements des populations au cours des années 1990, ce qui a accru l'urbanisation anarchique effrénée, avec les dégâts que l'on connaît. Des terres agricoles anéanties à jamais pour laisser place au béton, et des bidonvilles qui poussent jour et nuit. Alors que le dispositif d'aide au retour semble fonctionner au ralenti et que les «migrants» n'affichent pas du tout l'empressement à faire le chemin inverse, la volonté des pouvoirs publics à soulager la bande côtière reste à l'état de projet. Un projet vieux d'une trentaine d'années qui n'aboutit toujours pas, même après sa reprise ces dernières années par le président de la République. L'objectif de ce projet intitulé «option Hauts Plateaux» est de créer des villes nouvelles et de rendre habitables les zones semi-arides. Boughezoul, nouvelle capitale, ce n'est vraisemblablement pas pour demain. Réticences ? Blocages ? Le Schéma national d'aménagement du territoire (SNAT 2025) mis en place par notre pays doit rétablir l'équilibre entre le littoral, les Hauts Plateaux et le Sahara. D'autant plus que d'ici à 2025, on prévoit 43 millions d'individus. C'est dans quinze ans, demain. R. M.