La Serbie s'apprête à mener une offensive diplomatique en espérant limiter le nombre de nouvelles reconnaissances des autorités de Pristina, après l'avis de la CIJ sur le Kosovo favorable à son indépendance et avant l'Assemblée générale de l'ONU. Le Premier ministre serbe, Mirko Cvetkovic, a convoqué une réunion extraordinaire de son gouvernement pour analyser l'avis de la Cour internationale de justice (CIJ). Cet avis, non contraignant pour les Etats, a conclu jeudi que la déclaration d'indépendance du Kosovo, le 17 février 2008, ne violait pas le droit international. «Nous allons lancer une initiative diplomatique pour que la Serbie soit préparée aussi bien que possible au débat (sur le Kosovo) à l'Assemblée générale des Nations unies», en septembre, a indiqué Cvetkovic aux envoyés spéciaux dans 55 pays pour exposer le point de vue de Belgrade, avant la réunion de New York, où Belgrade compte présenter un projet de résolution sur le Kosovo. «De nombreux pays seront sous pression pour reconnaître le Kosovo avant le vote à l'Assemblée générale de l'ONU», avait convenu lui-même Boris Tadic le président serbe. «La Serbie, avait-il ajouté, fera tout pour que le nombre de ces pays soit le plus petit possible et pour que le projet de résolution de la Serbie soit adopté cet automne». Soixante-neuf pays, dont les Etats-Unis et 22 des 27 Etats de l'Union européenne, ont reconnu jusqu'ici l'indépendance du Kosovo. Dès l'annonce de l'avis de la CIJ, plusieurs pays, dont les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, ont appelé les pays qui ne l'ont pas encore fait à reconnaître le Kosovo. La chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a estimé pour sa part que le temps du dialogue était venu entre Belgrade et Pristina, rappelant que tant la Serbie que le Kosovo avaient vocation à rejoindre l'Union européenne. Mais Belgrade déclare ne pas vouloir baisser les bras. Le président Tadic a répété jeudi que la Serbie ne reconnaîtrait «jamais» le Kosovo, considéré par les Serbes comme le berceau de leur culture. Boris Tadic estime aussi que la CIJ ne s'est pas prononcée sur le fond de la question kosovare, à savoir «le droit à la sécession» et qu'il appartenait désormais à l'Assemblée générale de l'ONU de tirer les «conséquences politiques» de l'avis de la Cour. La stratégie serbe n'est toutefois pas sans risques. Ivan Vejvoda, le directeur du Balkan Trust for Democracy, un centre d'analyses de Belgrade, estime que la Serbie devrait «œuvrer étroitement avec l'UE» pour se préparer à l'Assemblée générale où une résolution sur le Kosovo sera soumise au vote. Selon lui, «cela ne pourrait mener qu'à une nouvelle défaite devant l'Assemblée générale». La presse serbe mettait l'accent hier sur la détermination de Belgrade, tandis que les journaux kosovars exultaient, parlant d'un «Waterloo» serbe après l'avis de la CIJ.