Les prévisions sur la campagne moisson-battage 2008 sont estimées à 21 millions de quintaux (mqt). Pour l'heure et à une dizaine de jours de la fin de la fenaison, le volume de céréales, toutes variétés confondues, se chiffre à 17 m/qt. Cette contenance reste très en deçà des récoltes enregistrées ces quatre dernières années, soit près de la moitié. On impute le grave déficit de cette année à la faiblesse de la pluviosité, notamment dans l'ouest du pays. Selon le directeur de la production végétale et de la régulation auprès du ministère de l'Agriculture, M. Assabah, 50% de la superficie emblavée a été affectée par la rareté de la pluie. Ce responsable, qui s'exprimait devant les journalistes lors d'une conférence improvisée à l'issue de la rencontre du ministre de l'Agriculture, Rachid Benaïssa, avec les présidents des Coopératives des céréales et légumes secs (CCLS), qui s'est déroulée hier au siège de ce département ministériel, a tenu à préciser que, pour la campagne 2008, les récoltes de blé, d'orge et d'avoine ont concerné au total seulement 1 550 000 hectares, avec des rendements ne dépassant pas les 12 quintaux à l'hectare sauf rare exception où l'on enregistre des pics de 35 et 40 qt/ha. Une performance, à comparer avec la moyenne nationale. Les céréaliers qui sont derrière ces bonnes récoltes se comptent sur les doigts. Ce qui démontre que, dans la grande famille des agriculteurs versés dans la céréaliculture, on continue de s'en tenir aux techniques héritées sans pour autant apporter des améliorations pour augmenter le rendement. Un constat qu'il faudrait vite voir changer devant les besoins nationaux en céréales sans cesse croissants qui avoisinent les 65 mqt/an, ce qui alourdit considérablement notre facture d'importation alimentaire. On dit même, pour cette année, qu'il faudrait mettre dans l'enveloppe consacrée à l'importation de blé tendre et dur un rajout de 2 milliards de dollars. Devant de telles dépenses supplémentaires, on comprend vite pourquoi Rachid Benaïssa s'est montré très virulent à l'adresse des 41 directeurs de CCLS présents dans la salle de conférences du ministère de l'Agriculture et des DSA des wilayas dites à fortes potentialités céréalières, les exhortant à prendre plus d'initiative afin que les céréaliculteurs arrivent à augmenter leur rendement. «Il vous est demandé de vous rapprocher de ces professionnels afin de leur prodiguer les conseils nécessaires pour arriver à de meilleures récoltes. Il faut que vous soyez constamment à l'écoute des céréaliers. Nos décisions doivent se traduire au plus vite sur le terrain.» Tel a été l'appel lancé par le premier responsable du secteur aux directeurs des CCLS. Et de leur signifier : «Votre mission première est d'accompagner techniquement les agriculteurs qui vous sollicitent», leur lançant aussi : «Vous devez sortir de votre carcan d'entreposeurs de produits agricoles importés pour aller à la rencontre des agriculteurs. Il s'agit aujourd'hui de recentrer les missions dévolues aux responsables des structures et organismes sous tutelle du MADR.» Le ministre a aussi évoqué les grands axes du nouveau dispositif que le MADR compte mettre en œuvre pour au moins rendre plus faible le tonnage des importations de céréales. «Pour ce faire, une prise de conscience collective est attendue et vous en êtes les premiers concernés.» L'instrument pour arriver à de meilleurs rendements sera de «généraliser la pratique de l'irrigation d'appoint, laquelle a démontré toute son efficacité». Benaïssa a aussi déclaré à l'occasion de ce rendez-vous qu'«il s'agira donc pour les wilayas à fortes potentialités agricoles de se soumettre à des contrats de performance où les taux de croissance doivent atteindre les 5 à 10% à l'horizon 2010». Il lancera enfin aux directeurs des CCLS de Constantine, de Guelma et de Souk Ahras : «Plus aucune raison ne vous empêche de réussir à améliorer le volume des récoltes céréalières car toutes les conditions qui vont dans ce sens sont réunies.» Rappelons enfin que le ministre va rencontrer, aujourd'hui au siège de son département, toujours dans le cadre de la mise en œuvre de la politique de renouveau de l'économie agricole, les inspecteurs vétérinaires et phytosanitaires des wilayas ainsi que les contrôleurs des postes frontaliers. Z. A.