Les intoxications alimentaires pullulent en été à la faveur de la chaleur qui permet la prolifération des bactéries. On évoque durant cette période les endroits de prédilection de ces empoisonnements tels que les lieux de restauration et les fêtes familiales, mais rarement les commerces où les produits périssables se détériorent rapidement faute d'une conservation adéquate. Les denrées alimentaires que l'on acquiert se révèlent souvent impropres à la consommation, notamment les produits laitiers et les produits carnés, alors que le délai de péremption n'est pas encore atteint. Ce qui prouve le non-respect de la chaîne de froid et des conditions de conservation par les commerçants qui, par souci d'économie sur la facture d'électricité, coupent le courant durant la nuit et débranchent leurs équipements frigorifiques, ce qui accélère la dégradation des marchandises. L'absence de contrôle sur le terrain et l'impunité encouragent forcément cette pratique illégale en même temps que bien d'autres qui nuisent à la santé du consommateur. La sortie des responsables du secteur du commerce laisse croire que ces dépassements ne doivent plus être tolérés et que les règles du commerce doivent être strictement appliquées. Il y a une semaine, le ministère du Commerce a rappelé les dispositifs d'entretien et de commercialisation de produits alimentaires, interpellant les fabricants et les commerçants sur le respect des dispositions réglementaires liées à l'entretien et à la commercialisation de la viande hachée, des denrées alimentaires et des produits carnés. Il a mis l'accent sur l'obligation pour eux d'appliquer les règles d'hygiène et de ne pas mettre des produits alimentaires sensibles en contact avec le sol, tout en brandissant la menace de sanctions pour les réfractaires. Mais encore faut-il que des contrôles soient effectués sur le terrain et que le constat d'infraction soit établi, ce qui est rarement le cas. Les services concernés se plaignent de l'insuffisance des effectifs et des moyens, mais il n'y a pas que cela. La corruption a miné sérieusement la corporation des contrôleurs qui ferment les yeux sur les nombreuses violations qui portent atteinte à la santé du consommateur. Celui-ci veut bien croire au sursaut des pouvoirs publics et aux déclarations des responsables du secteur, dont celles qui ont été faites hier sur les ondes de la radio par la responsable du contrôle de la qualité et de la répression de la fraude. Tout en affirmant que les services de contrôle de la qualité ont déployé un programme spécifique à la saison estivale, elle a mis l'accent sur l'indispensable implication des autres secteurs qui devraient intervenir chacun dans son domaine et sur l'implication des bureaux d'hygiène communaux, et cité au passage les associations de défense des consommateurs. Aussi bien les premiers que les secondes ont déserté le terrain, s'ils l'ont toutefois occupé un jour. Il revient apparemment au consommateur d'être vigilant et de se défendre lui-même face à des comportements qui le concernent directement et qui risquent de mettre sa vie en péril. R. M.